« De Zurbaran à Rothko­ »au Musée Jacquemart André

Egon Schiele Femme à la robe bleue 1911, aquarelle

 Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega CapitalΩ

Pour ceux qui ne le comprendraient pas, petite explication sur le titre de l’exposition : « De Zurbaran à Rothko » :

Francisco de Zurbarán (1598–1664) est un peintre du siècle d’or espagnol et Rothko un peintre américain du XXème siècle (1903-1970).

Les collectionneuses sont rares à notre époque, Alicia Koplowitz, de nationalité espagnole, née en 1954, milliardaire dirigeante du Grupo Omega CapitalΩ en est une. Et quoi de mieux que le Musée Jacquemart-André pour y exposer quelques uns des chefs-d’œuvre de sa collection, dans le musée même qui appartenait à Nélie Jacquemart, elle même très grande collectionneuse ?

Qui plus est, Alicia Koplowitz a du goût et aime l’art. Et ce n’est pas nouveau puisqu’elle déclare elle même s’intéresser à l’art depuis l’âge de sept ans ! Avec cette exposition, nous faisons donc un grand voyage de 500 ans à travers la peinture et, avec quelques sculptures antiques, c’est un voyage de plus de 2000 ans !

Elle raconte : « Je me rappelle très bien la première fois que je suis allée visiter le musée du Prado. J’avais 7 ans.
Nous y sommes allés avec la classe du Lycée français où je faisais mes études. Je me souviens parfaitement de la forte impression que j’ai ressentie lorsque, pour la première fois, j’ai vu les Ménines, une émotion
qui se renouvelle aujourd’hui chaque fois que je contemple ce chef-d’œuvre ».

Ici, il faut se laisser porter par la beauté des choses, admirer le plus possible tous ces trésors de l’art. Il n’y en a pas beaucoup (cinquante trois) mais chacun mérite qu’on s’y attarde.

Nous suivrons l’ordre plus ou moins chronologique des salles :

Salle 1 – Zurbarán, Goya… L’Espagne des siècles d’or

A remarquer l’admirable portrait de Doña Ana de Velasco y Girón, duchesse de Bragance peint par Juan Pantoja de
la Cruz (1553–1608), peintre officiel de Philippe II et Philippe III.

Juan Pantoja de la Cruz – Portrait de Doña Ana de Velasco y Girón, duchesse de Bragance,
de trois-quarts, en habit de cour 1603, huile sur toile, 103 x 82 cm
© Collection AliciaKoplowitz – Grupo Omega Capital

A remarquer aussi le détail de la collerette en dentelle de son magnifique costume, montrant l’extraordinaire maîtrise du peintre :

Juan Pantoja de la Cruz (1553-1608) – Portrait de Doña Ana de Velasco y Girón, duchesse de Bragance, de trois-quarts, en
habit de cour – 1603 – Huile sur toile -103 x 82 cm (détail) © Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital

 

Salle 2 : Tiepolo, Canaletto, Guardi… l’Italie en majesté

Un beau et très maîtrisé Guardi. Les couleurs sont particulièrement justes et les gris les mettent bien en valeur. Guardi aurait été inspiré par Canaletto dont plusieurs toiles figurent ici.

Francesco Guardi (1712-1793) – L’arcade du Palais des Doges à Venise, en direction de la basilique San Giorgio Maggiore – Huile sur toile – 49,5 x 36,2 cm
© Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital

 

Salle 3 : Van Gogh, Toulouse-Lautrec, Gauguin… L’aube de l’art moderne

Plusieurs chefs-d’œuvre dont ce petit Van Gogh, une de ses dernières toiles, un mois avant sa mort.

Van Gogh Vase avec oeillets 1890

A remarquer dans le détail ci-dessous la façon dont les fleurs sont cernées. Les fleurs bleues avec un bleu plus foncé, ou avec un rouge carmin foncé et, pour les œillets blancs, un bleu pâle. On remarquera les empâtements de peinture sur les fleurs.

Vincent van Gogh (1853-1890) – Nature morte, vase avec œillets hst (41 x 32cm) Auvers, Juin 1890

 

Plus loin, un joli petit Gauguin très coloré, avec ses rochers bleus et son ciel jaune :

Paul Gauguin (1848-1903) – Femmes au bord de la rivière – 1892 – Huile sur toile – 31,8 x 40 cm
© Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital

 

Salle 4 : Picasso, Gris… Une modernité espagnole

Il y a ici trois Picasso dont « Tête et main de femme » dont on pourra admirer l’extrême économie de couleurs :

 

Pablo Picasso – Tête et main de femme 1921, huile sur toile 65,4 x 54,9 cm
© Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital © Succession Picasso 2017

 

Une autre oeuvre de Picasso, très intéressante, avec des dominantes ocres, le « Demi nu à la cruche » :

Picasso – huile sur toile – Demi nu à la cruche – 1906
Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital© Succession Picasso 2017

 

Si vous regardez la toile en vous plaçant légèrement sur la droite, vous verrez  la tête de la femme de face (c’est le tableau original qui transparait).

 

Salle 5 : Van Dongen, Modigliani, de Staël… Peindre à Paris

La section « Peindre à Paris » met à l’honneur des peintres qui ont vécu et travaillé à Paris, dont Modigliani qui a peint cette merveilleuse « Rousse au pendentif » :

Amedeo Modigliani – La Rousse au Pendentif 1918, huile sur toile 92 x 60 cm
© Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital

 

En exergue, cette phrase de Modigliani : « D’un œil, regarder le monde extérieur, de l’autre, regarder au fond de soi-même »

Salles 6 & 7 : Gonzalez, Rothko, Tàpies, de Kooning… Dialogues des arts

Avec ces salles, on est plus dans l’abstrait, dans la deuxième partie du XXème siècle, avec notamment Rothko ou de Kooning…

Willem de Kooning (1904-1997) – Untitled IV (Sans titre IV) – 1977 – Huile sur toile – 223 x 195,7 cm
© Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital © 2017, The Willem de Kooning Foundation, ADAGP, Paris

 

Salle 8 : Giacometti, Freud, Bourgeois, Barceló… Dialogues des arts

On découvrira des oeuvres du peintre et sculpteur espagnol contemporain Miquel Barceló, grand  spécialiste « post expressionniste ».  Un grand tableau de 2 m sur 2 est ici particulièrement remarquable.Des éléments qui semblent être des tiges de bois et de fils de fer viennent donner une troisième dimension à cette oeuvre, représentant sans doute, un bateau de pêche africain en pleine action, dans une mer assez agitée.

Miquel Barceló (1957) – Kula Be Ba Kan – 1991 – Technique mixte sur toile – 200 x 200 cm
© Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital © ADAGP, Paris, 2017

 

Lucian Freud nous fait découvrir la « fille au manteau de fourrure ». C’est profond et nous révèle l’aspect tristement matériel de l’être humain sans fard et avec un éclairage sans pitié…

Lucian Freud – Fille au manteau de fourrure 1967, huile sur toile 61 x 51 cm
© Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital , Fukuoka Sogo Bank Ltd.
/© Lucian Freud Archive/ Bridgeman Images

 

Une très riche exposition qui nous fait traverser plus de 400 ans de l’histoire de la peinture et qui se termine le 10 juillet 2017. A voir.


Musée Jacquemart-André – 158 boulevard Haussmann 75008 Paris
Tél. : 01 45 62 11 59

Le Musée Jacquemart-André est ouvert tous les jours y compris les jours fériés de 10h à 18h. Nocturnes les lundis jusqu’à 20h30 en période d’exposition. 
Dernière admission 30 minutes avant la fermeture du musée. 

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