Gauguin l’alchimiste au Grand Palais

  • Au Grand-Palais 11 octobre 2017 – 22 janvier 2018

Cette exposition qui a été présentée à Chicago avant de nous arriver en France, se déroule en suivant différentes phases de la vie de créateur de Gauguin.

Gauguin, créateur de génie

Le titre de l’exposition signifie selon moi que, tel un alchimiste, Gauguin transforme en quelque sorte le plomb en or, le matériau brut en matériau noble, utilisant pour ce faire des matériaux très divers, souvent assez grossiers, passant de la sculpture à la peinture et la céramique sans qu’il y ait de frontières bien définies entre ces arts.

Il écrit d’ailleurs : « Avec un peu de boue, on peut faire du métal, des pierres précieuses, avec un peu de boue et aussi un peu de génie ! N’est-ce point donc là une matière intéressante ? « (Gauguin – Notes sur l’art à l’Exposition universelle de 1889)

Il y a en lui quelque chose d’à la fois massif et délicat, ce qui fait un mélange assez curieux.

Il lui arrivait souvent de peindre sur une grossière toile de jute, en très fine couches de peinture, ce qui est original mais très juste sur le plan de la technique.

D’ailleurs,  il ne faut pas oublier que Gauguin, s’il fut élève de Camille Pissarro, eut aussi par la suite quelques élèves prestigieux, dont Emile Bernard, Paul Sérusier et Meyer de Haan ! C’était aussi, à l’instar de Van Gogh, un théoricien de la peinture.

Il dit dans ses « Lettres à Daniel de Monfreid » : « Le métier vient tout seul, malgré soi, avec l’exercice, et d’autant plus facilement qu’on pense à autre chose qu’au métier ».

Nous découvrons ici  230 œuvres de Gauguin (54 peintures, 29 céramiques, 35 sculptures et objets, 14 blocs de bois, 67 gravures et 34 dessins)

Gauguin fut d’abord marin puis devint remisier d’agent de change (Le remisier est un opérateur qui jouait un rôle important à la Bourse de Paris en recrutant une clientèle pour les agents de change qui lui concédaient en échange une remise d’un tiers sur les courtages facturés Wikipédia), bourgeois marié et père de cinq enfants quand en 1874, il rencontre Camille Pissarro. Il pratiquait alors la peinture plus ou moins comme un loisir, en amateur. Quand en 1882, il perd son travail d’agent de change suite au krach boursier, il se lance alors complètement dans la peinture. Comme beaucoup d’autres peintres, il connait alors des temps très difficiles  et sa famille se désagrège.

Ses deux périodes picturales principales sont la Bretagne  et la Polynésie. La période avec Van Gogh en Arles est absente ici. Il mélange, dans ses œuvres, le rêve et le réel. Il pratique le dessin  la peinture et la gravure, mais aussi la sculpture et la céramique. L’exposition rend bien compte de ce mélange, de ce foisonnement, de ce besoin de créer.

Un monde idéal

Il rêve d’un monde idéal, fait de beauté, de liberté et de joies diverses, en gros le « bonheur et la belle vie »  qu’il représente dans ses toiles.

Malheureusement, c’est loin d’être le cas et on peut dire que sa vie a été un véritable enfer au « paradis terrestre »… Il est mort seul à 55 ans dans sa maison des Marquises (la Maison du jouir ainsi qu’il l’appela)… D’ailleurs dans ses toiles, surtout les dernières, on voit souvent rôder la mort, comme par exemple dans sa « Nature morte aux fleurs et à l’idole » de 1892 dans laquelle on distingue celle-ci sous la forme d’un esprit derrière les fleurs.

Diaporama de quelques oeuvres de Gauguin :

 

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Quelques vidéos pour finir :

  • Un hologramme pour la « Maison du Jouir » !

La maison atelier est visible en 3D sous forme d’hologramme sur une cloison de verre assez grande, une nouvelle façon de faire des expositions. Ça n’est bien sûr qu’un détail, mais c’est, à mon avis, une excellente idée !

 

 

  • Un très beau film d’Arte, « Gauguin Je suis un sauvage » de 52 minutes, résumant bien la vie de Paul Gauguin, peut-être mieux qu’une biographie écrite, très éclairant sur la nature de son œuvre et dont vous pourrez voir la présentation ci-dessous :

 

 

L’expo est magnifique, il faut aller la voir, même en cas de préjugés négatifs sur cet immense artiste dont la vie fut un véritable chemin de croix…

Prenez le temps aussi de voir les petits films très intéressants sur les techniques de Gauguin.

Comptez deux bonnes heures pour une visite sérieuse.

Vous avez jusqu’au 22 janvier 2018

 

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