Exposition se déroulant au Musée de la Marine 17, place du Trocadéro à Paris du 27 février au 30 juin 2013
Prolongée jusqu’au 1er septembre 2013
Horaires : lundi, mercredi, jeudi, vendredi de 11 h à 18 h, (fermeture des caisses à 17 h 15) samedi et dimanche de 11 h à 19 h
(fermeture des caisses à 18 h 15)
fermé le mardi et le 1er mai
Mathurin Méheut (1882-1958), peu connu du grand public, est pourtant un immense peintre, dessinateur, graveur, illustrateur de livres, céramiste, bref un artiste complet.
Le musée de la Marine nous présente donc, sur 1000 m2 de surface, de nombreux chefs-d’œuvre de cet artiste amoureux de la mer.
Début comme apprenti chez son père, menuisier
Il commence donc par apprendre la menuiserie avec son père, ce qui lui donne de bonnes bases en dessin et la précision nécessaire au maniement des outils, puis apprenti chez un peintre amateur qui possède une entreprise de peinture (en bâtiment !). Il « fait » ensuite les Beaux-Arts à Rennes tout en suivant les cours d’Eugène Grasset, affichiste et décorateur, grand maître de l’Art nouveau. Puis, il dessine dans plusieurs revues, dont Art et Décoration.
Il expose, notamment au musée des Arts Décoratifs au Louvre et gagne une bourse de voyage « Autour du monde« , offertes par Albert Kahn banquier et mécène. Il fait une sorte de « tour du monde ». Au Japon, il peint d’admirables paysages, à l’aquarelle notamment, dont on verra quelques magnifiques exemples ici.
La guerre de 1914-1918
Il est mobilisé (de 1914 à 1919 !) et se retrouve en première ligne dans les tranchées. Il écrit tous les jours à sa femme, illustrant ses lettres d’aquarelles montrant notamment les détails de la vie quotidienne dans ces tranchées. La poésie n’en est jamais absente, comme le montre « Un guetteur, bois de la Grurie ». On y voit, au premier plan, une grande sauterelle verte qui vit sa vie, indifférente aux drames des hommes et des horreurs de la guerre…
Après la guerre, travailleur infatigable
Après la guerre, il se lance dans la céramique et dessine des carrelages, des séries d’assiettes avec des motifs représentant des animaux marins, puis entreprend la décoration des « Restaurants Prunier », de l’assiette aux salles à manger en passant par les menus et couverts ! On verra ici plusieurs exemplaires de ces beaux objets.
On y verra aussi au tout début de l’exposition, une immense tapisserie réalisée par la manufacture des Gobelins en 1939 et représentant des animaux marins, des travailleurs de la mer, des oiseaux marins, le tout d’une incroyable richesse de couleurs.
Il décore aussi des maisons, dont celles d’Albert Kahn.
Il illustre aussi des livres et couvertures de livres, dont « Regarde… » de Colette, des livres scolaires, des almanachs, etc.
Il réalise aussi de très belles gravures.
Et il finira par décorer les grands transatlantiques de l’époque dont le très célèbre Normandie et même des pétroliers !
Il y a aussi des peintures !
Mais la grande réussite de Méheut est dans ses peintures. Peu d’huiles sur toile, mais beaucoup de gouaches et de tableaux à la caséine y compris de très grandes œuvres réalisées sur papier comme « Le Printemps, les sardiniers » ci-dessous !
On trouve sur cette toile les couleurs caractéristiques employées très souvent par Méheut dans ses scènes de « travailleurs de la mer », à savoir des couleurs « terre » avec des bleus !
Ci-dessous, une oeuvre magnifique, avec une audacieuse cohabitation entre des couleurs « terre » et des gris, à savoir les « Ramasseuses de sel à Guérande » :
A remarquer la bande de sable horizontale sous le soleil d’un très beau jaune.
Ce qui est assez curieux et remarquable chez Mathurin Méheut, c’est qu’il est arrivé à la perfection de son art dès ses jeunes années et que, jusqu’à sa mort en 1958, il ne changera pas de style (il est d’ailleurs pratiquement impossible de dater ses œuvres en fonction de son style.) !
Et quand on dit perfection, c’est vraiment le cas, comme dans cette grande gouache de 1936 : Auray, goélette à quai à Saint-Goustan
La perspective, très compliquée, avec les maisons dans tous les sens, les escaliers qui tournent, le bateau (sur lequel se trouve le peintre) avec un bout-dehors qui atteint la fenêtre du premier étage, est parfaite (sans même la présence d’une quelconque ligne d’horizon), les couleurs sont splendides !
Une exposition à voir donc sans hésitation, en prévoyant un certain temps, car elle est très grande. Prévoyez aussi l’audioguide, compris dans le prix du billet et qui apporte vraiment beaucoup.
Une très intéressante vidéo de présentation de l’exposition « Mathurin Méheut » par Denis-Michel Boëll, commissaire de l’exposition, réalisée avant l’ouverture :