Autrement dit : Splendeurs de la peinture et misère des prostituées, de 1850 à 1910.
L’exposition « Splendeurs et misères » présente 410 oeuvres dont 103 peintures, 5 sculptures, 104 arts graphiques, 139 photos, 12 photos numériques, 7 objets d’art, 14 objets et 26 livres, impressions et ouvrages.
C’est donc une magnifique exposition au Musée d’Orsay, avec un côté face et un côté pile : la misère y est montrée par des peintres de génie !
Commençons par le côté pile, c’est vraiment sordide : l’époque de pauvreté, les murs noirs de Paris, le manque d’hygiène, les maladies vénériennes qui galopent, la femme adulée et méprisée tout à la fois. C’est un peu le procès de l’homme… Une époque où la pruderie et la débauche se côtoient.
Le « Bal masqué à l’Opéra » de Manet, montre une scène de la société bourgeoise à l’Opéra, prétexte des hommes pour y rencontrer des femmes… hommes ridicules avec leurs chapeaux haut-de-forme tous inclinés comme des pinceaux dans un pot !
Et comme écrivait Hippolyte Taine, (Notes sur Paris: vie et opinions de M. Frédéric-Thomas Graindorge, Paris, 1867) :
“Le ballet est ignoble. C’est une exposition de filles à vendre. «
La prune
Les plus grands peintres de l’époque y sont, comme Manet avec notamment « La prune ». C’est de l’impressionnisme pur, la peinture classique ayant déjà accouché de l’impressionnisme, c’est à dire du « pas fini » et de la touche épaisse (du moins pour les couleurs claires).
C’est parfaitement dessiné mais ça n’est pas « fini » au sens où Drouant disait (dans son Traité de la peinture) :
« Terminer un tableau comme une simple pochade, avec la même aisance; arriver au moyen terme, entre le fignolé et le bâclé : suprême élégance ! ».
Ce tableau, c’est le côté face dans le sens où la peinture, les couleurs sont belles et harmonieuses, mais qui décrit le côté pile, portrait d’une jeune femme hébétée, avec la prune dans son verre d’alcool et la cigarette entre l’index et le majeur de sa main gauche, négligemment posée sur la table. C’est pile et face c’est à dire misères et splendeurs, le titre même de cette exposition.
Voici donc cette merveilleuse « Prune » qui se trouve à Washington :
On découvrira peut être ici un immense dessinateur, au coup de crayon virtuose, qui n’a pas son pareil pour croquer les expressions, Félicien Rops (1833-1898), ci-dessous « la buveuse d’absinthe » :
et bien sûr, le grand Steinlen, avec notamment « la pierreuse » (prostituées officiant clandestinement sur des terrains vagues notamment pour la « clientèle » la plus pauvre) :
Plusieurs Van-Gogh et un merveilleux Picasso de la période bleue la « Femme assise au fichu », étonnant de luminosité :
Enfin, vous pourrez voir également de nombreuses photos sépia et des petits films « érotiques » de scènes de prostitution dans des endroits protégés par de grands rideaux rouges avec la mention « interdit au moins de 18 ans », pour ceux qui n’auraient pas compris que l’exposition est déconseillée aux enfants !
A voir. Vous avez jusqu’au 17 janvier 2016.