Deux auteurs israéliens contemporains

Il existe une génération de romanciers israéliens nés en Israël et pour qui ce pays est donc terre natale. A travers leurs romans, on peut ainsi voir l’âme du pays. Même dans les romans policiers !

C’est le cas d’Yishai Sarid, né en à Tel Aviv-Jaffa. Il est avocat, mais aussi écrivain, spécialisé dans le roman policier. Il dit, lors d’une interview sur le site « En attendant Nadeau » à propos de son dernier livre « Le Troisième Temple » :


Je ne suis pas religieux. Dieu est dans le livre, il n’y a aucun doute là-dessus, c’est un personnage du roman. Mais, pour quiconque est élevé en Israël, Dieu existe d’une manière ou d’une autre. Même si vous êtes laïque, vous grandissez avec les fêtes juives, vous connaissez la Bible. Que vous le vouliez ou non, Dieu fait partie de votre psyché.

 

Une proie trop facile

Le thème : Un jeune avocat est chargé d’examiner une plainte pour viol déposée par une jeune soldate religieuse pratiquante à l’encontre d’un officier à la carrière sans faille. Premier roman. ©Electre 2018

Ce jeune avocat est un personnage complexe. Il a laissé la grande entreprise dans laquelle il travaillait pour un petit cabinet minable et sans client.

Il est rusé, mais attachant. De temps en temps, on lui demande d’intervenir en tant qu’officier de réserve, comme enquêteur dans la police militaire de Tsahal. Et là, justement, on lui demande d’enquêter sur un viol commis sur une jeune femme alors qu’elle faisait son service militaire, par un jeune capitaine, sorte de héros, adoré par ses troupes.

On le suit dans cette enquête assez compliquée. La fin est inattendue, originale et surprenante.

C’est du bon policier, solide et bien écrit. Mais au delà du roman policier, on y voit aussi de la belle littérature avec une analyse profonde de ce qu’est ce pays neuf et millénaire qu’est Israël !

Et l’omniprésence de la guerre, à chaque coin de rue et dans toutes les têtes.

Quelques phrases que je trouve assez belles :

A propos d’Israël :

  • « Peut-être n’ai je pas assez évolué, mais c’était et ça reste pour moi le plus beau paysage du monde » (Tel Aviv)
  • « J’ai terminé la journée à la mer, je suis arrivé juste à temps pour attraper le soleil avant qu’il ne se noie totalement à l’horizon. »                                                                                                                                                     

 

Le poète de Gaza

Dans le but de stopper une nouvelle vague d’attentats, un agent peu scrupuleux des services secrets israéliens se voit confier une mission délicate : attirer en terrain neutre le responsable d’un réseau terroriste. Comme appât, il dispose du père de ce dernier, intellectuel et poète palestinien atteint d’un cancer en phase terminale… ©Electre 2018

Le personnage est une sorte de brute romantique qui travaille pour les services secrets, spécialiste des passages à tabac…

Il doit faire capturer un terroriste et, pour ce faire, il se présente à une jeune femme, une romancière, qui donne des cours d’écriture pour subsister et qui connait un ami, poète arabe, atteint d’un cancer en phase terminale, et qui se trouve être justement le père dudit terroriste… Il dit à cette jeune femme qu’il vit de ses placements en bourse mais qu’il aimerait écrire une histoire qu’il a en tête, une espèce de roman historique abominable.

C’est un piège…

Quelques extraits :

« Derrière nous, la nuit était illuminée par toutes les lumières de cette grosse masse de béton appelée Israël, à coté de nous c’était l’éclairage de la centrale électrique. Seule la mer, devant, offrait un peu d’obscurité et de calme. »

– « Pourquoi quitter ce qui lui paraissait le paradis sur terre : les vergers, le ciel, les sources d’eau vive, les gens intègres qui se vêtaient de tuniques pourpres ? »

– « Personne ne nait à Hollywood, ai-je précisé, on va à Hollywood… Mais pas en partant de Gaza a-t-il répliqué, un sourire aux lèvres…« 

 

Valérie Zenatti

Biographie : Valérie Zenatti a fait des études d’histoire et de langue (hébreu). Elle est l’auteur de plusieurs romans – dont certains pour la jeunesse parus aux éditions L’École des loisirs – pour lesquels elle a reçu plusieurs distinctions. Son livre pour adolescents Une bouteille dans la mer de Gaza, paru en 2005, lui a valu une vingtaine de prix et a été traduit dans une quinzaine de langues. Il a été adapté par elle-même et le réalisateur Thierry Binisti pour le cinéma sous le titre Une bouteille à la mer, sorti en 2012 en France, Son premier roman à l’Olivier, En retard pour la guerre a été adapté au cinéma par Alain Tasma sous le titre Ultimatum (2009) avec Gaspard Ulliel et Jasmine Trinca dans les rôles principaux.(Wikipédia)

Le thème du roman d’après Electre : Constance est française et s’est installée à Jérusalem pour écrire son mémoire. Le 31 décembre 1990, la guerre du Golfe est imminente, l’envoi par l’Irak de missiles sur les villes israéliennes également. Elle vit avec Nathanaël, un peintre révolté dont elle a peur. Tous deux vont devoir rendre hermétique une pièce abri et apprendre à enfiler des masques anti-gaz. Premier roman. ©Electre 2017.

Quelques extraits intéressants :

  • « Les oiseaux, les pigeons surtout, c’est la mort dans les rues, dans les caniveaux, tas de plumes sans vie et affaissés, ou aplatis sur le bitume. »
  • « Anastasia Finger-Mayer. Lorsque j’ai vu ce nom sur la boite aux lettres, la première fois, j’ai respiré un parfum à la violette, une odeur douceâtre de poudre de riz et j’ai senti sous mes doigts du velours grenat, du taffetas gris perle, du satin bois de rose. »
  • « Je me demande qui était le premier homme, ou la première femme, à avoir employé le futur, quelle étrange idée de parler de ce qui n’est pas, de ce qui n’adviendra peut-être jamais… »
  • A propos d’un petit magasin, lorsque le commerçant est absent : »fermé pour raisons personnelles qui ne regardent que le propriétaire. »

On peut trouver ces livres en ebook gratuitement dans les bibliothèques de la Ville de Paris, ou bien dans toutes les librairies et sur Amazon.

 

 

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