Ingres au Musée du Louvre : rêve et perfection

L’exposition Ingres s’est tenue au musée du Louvre du 24-02-2006 au 15-05-2006, présentant 79 peintures et 101 dessins de ce très grand peintre.

Ingres (1780-1867), c’est la perfection ajoutée au rêve.

Il suffit pour s’en convaincre de voir le chef d’oeuvre de cette exposition « Napoléon 1er sur le trône impérial » : perfection dans le dessin, les tons, les couleurs.

Certains pensent (et ont pensé à l’instar de Baudelaire) qu’Ingres est rigide, insensible et froid et nous sommes là en désaccord complet.

Il suffit simplement de regarder et d’éprouver tout ce qui se dégage des visages, toute cette sensibilité et toute cette émotion pour savoir qu’Ingres est loin de ce portrait caricatural.

Le père d’Ingres était peintre et musicien et, ceci expliquant peut être cela, le fils devint peintre et musicien à titre de passe-temps (son violon est exposé ici, ce qui n’apporte pas vraiment grand chose !).

Et ce père devint professeur pour son fils, excellent professeur d’ailleurs et qui aurait obligé son rejeton à faire des copies de Maîtres au crayon, jusqu’à 300 paraît-il (une dure école mais dont on voit ici les résultats) !

Une exposition remarquable, à voir absolument, même si les files d’attentes sont parfois dissuasives…


Voici ci-dessous quelques toiles et dessins, dont certains viennent de loin :


Napoléon 1er sur le trône impérial
1806 – Huile sur toile 260 x 1,63 cm Musée de l’armée, dépôt du Louvre

D’abord, évidemment, le magnifique « Napoléon 1er » dans lequel on peut discerner la dureté et la détermination de l’Empereur, lequel n’avait accordé que 3/4 d’heure à Ingres « pour prendre des notes » rapidement, au crayon.


Madame de Senonnes
1814, Huile sur toile 106 x 84 cm Nantes, musée des Beaux-Arts (C) RMN/ Gérard Blot

Marie-Geneviève-Marguerite Marcoz (1783 -1828), était établie à Rome avec son jeune époux Jean Talansier, natif comme elle de Lyon, mais ils divorcèrent en 1809. En 1810, se faisant peut-être passer pour une Italienne, elle se lia avec Alexandre de la Motte-Bracé, vicomte de Senonnes, amateur et collectionneur. Ils se marièrent à Paris en 1815, au grand dam de la famille du marié.


La mort de Léonard de Vinci
1818, Huile sur toile 40 x 50,5 cm Paris, musée du Petit Palais (C) Photothèque des musées de la Ville de Paris PMVP/ Cliché : Pierrain

Commandé au peintre par le comte de Blacas (1770-1839), ambassadeur de France à Rome, avec son pendant Henri IV recevant l’ambassadeur d’Espagne (Petit Palais). Le sujet exalte la personnalité de François Ier, tout en évoquant un des grands maîtres de la Renaissance, Léonard de Vinci. Légendaire, grave et émouvante, cette scène reprend un sujet à la mode à cette période, la mort de Léonard de Vinci, expirant à Amboise dans les bras du roi ; ce thème avait été traité de nombreuses fois à la fin du XVIIIe siècle et dans ce premier quart du XIXe siècle.


Monsieur Bertin
1832 Huile sur toile 116 x 96 cm Paris, musée du Louvre, département des Peintures, RF 1071 (C) RMN/ C. Jean

François Bertin, dit l’Aîné fut le fondateur du Journal des débats, l’un des principaux organes de presse de la Restauration et de la Monarchie de Juillet. Ingres acceptait peu de portraits peints durant cette période, et seules les positions influentes de certains modèles semblait le décider. Il montra ce portrait dès la fin de l’année 1832, et conçut ou choisit lui-même l’étonnant cadre orné de feuillages, oiseaux et grappes de raisin, qui existe encore aujourd’hui.


La vicomtesse d’Haussonville
1845 – Huile sur toile 131,8 x 92 cm New York, The Frick Collection (C) The Frick Collection, New York

Vicomtesse Othenin d’Haussonville (1818-1882), née Louise-Albertine de Broglie. La petite-fille de Madame de Staël et son mari, le diplomate Othenin d’Haussonville, avaient connu Ingres à Rome durant l’été 1840 et l’avaient revu à son retour. Relations flatteuses, d’autant plus que le père de cette jolie femme, plusieurs fois ministre, était un des plus hauts personnages du régime, dont il incarnait même l’idéal social et politique. Ce tableau est remarquable et fait taire ceux qui disent, par exemple, que la peinture d’Ingres n’a pas de profondeur de champ (il suffit de regarder les fleurs sur la cheminée et le reflet de la jeune femme dans la glace !).


Jésus au milieu des docteurs
1842 – 1862 Huile sur toile 265 x 320 cm Montauban, musée Ingres (C) Montauban, musée Ingres, Roumagnac photographe

Témoignage des talents de coloriste d’Ingres, ce tableau est une commande de la Liste civile en 1844 et fut peut-être payé en partie avant 1848 ; mais destiné initialement au château royal de Bizy dans l’Eure, il resta la propriété du peintre après qu’il l’eut achevé en 1862.

Le personnage de Jésus enfant qui enseigne aux « docteurs » est particulièrement réussi et émouvant.


Charles Lethière enfant
1818 – Graphite 25,5 x 19,5 cm, Paris, Union Centrale des Arts Décoratifs, inv. 16.442 (C) Photo Laurent Sully-Jaulmes, musée des Arts décoratifs, Paris

Ingres est sans doute l’un des plus grands artistes qui se soient longuement consacrés à l’évocation du monde de l’enfance. Né en 1816, le petit garçon, aplati visuellement dans un magnifique fauteuil datant de la Régence, est habillé d’une robe de fille et coiffé d’un ravissant bonnet. Charles Lethière était le filleul du peintre Charles Thévenin, qui dirigeait depuis deux ans l’Académie de France à Rome, et avait succédé dans ce poste au grand-père de l’enfant, Guillaume Guillon-Lethière. Ingres fut très lié à ce dernier et laissa de nombreux portraits de lui-même et de sa famille.


Autoportrait
dessin Naef 364, 29,9 x 21,9, 1835, inv. RF9, Paris, Musée du Louvre © Erich Lessing

On voit dans cet autoportrait une certaine tristesse, mais aussi la volonté et la détermination du peintre, alors âgé de 55 ans.


* A voir le très bon site du Louvre sur l’exposition : http://mini-site.louvre.fr/ingres/

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