« La vie passionnée de Rembrandt » par Jan Mens

Jan Mens, écrivain hollandais, n’a connu la gloire qu’à l’âge de quarante ans avec ses romans et biographies. On considère « La vie passionnée de Rembrandt » comme son chef-d’oeuvre, tant par sa qualité littéraire que par sa reconstitution historique.

Le roman commence à Leyde où vit Rembrandt van Rijn, fils de meunier au milieu d’une grande fratrie. Son père veut lui donner une bonne éducation, et l’oblige à suivre de cours de droit à l’université. Mais son rêve est ailleurs, surtout lorsqu’il découvre le travail de son ami d’enfance Jan Lievens, élève de Pieter Lastman à Amsterdam.

Lorsqu’il prend la décision de devenir peintre et d’abandonner ses études, nous sommes le soir : « Pour lui, l’eau sombre avait la couleur de la peau duvetée des raisins et la lumière n’était pas un fromage. Elle vivait, la lumière, elle scintillait ; elle était tantôt lumière obscure et tantôt lumière claire ; mais voilà, comment exprimer cela ! »

Le roman prend alors ces tons : périodes de lumière, périodes d’obscurité.

Lumière avec la gloire, la richesse, la renommée… L’amour avec Saskia, son épouse, puis Hendrikje , la servante dévouée (toutes deux serviront de modèles au peintre), la belle maison de la Grand’ Rue remplie d’objets d’art précieux, la naissance des enfants, les commandes innombrables de portraits.

Puis, curieusement, la roue tourne après l’aujourd’hui célèbre « Ronde de nuit » (en fait intitulée : »La Compagnie de Frans Banning Cocq et Willem van Ruytenburch ») qui déplaît par son caractère « en action » trop novateur : une perspective met certains miliciens à l’arrière-plan, et ce n’est pas pour leur plaire. Son tableau est méprisé, mal accroché, pis, devient la risée de tous.

L’obscurité vient : mort des enfants, mort de l’épouse tant aimée, dettes, manque d’argent, rejet. Plus de commande ; Rembrandt a le front d’en refuser certaines pas à son goût, ou n’en fait qu’à sa tête, refusant de suivre la mode. L’argent ne rentre plus, et il aide encore son frère Adrien qui est dans la misère, sa soeur Lizbeth. Il paie une pension prononcée par jugement à Gertie, une ancienne bonne et maîtresse. Il est lâché par ses amis à qui il doit de l’argent. Le couple scandaleux (car non marié) Rembrandt-Hendrikje est rejeté par la puissante Eglise et par la société. Il ne peut rembourser ses emprunts, il est saisi, déménage vers le canal des Roses dans un modeste atelier, est finalement mis sous curatelle.

autoportrait
Autoportrait (détail)
Rembrandt, 1669 Huile sur toile 86 x 70.5 cm National Gallery, London

C’est son fils Titus qui rapporte un peu d’agent grâce à l’ouverture d’une boutique d’art. Mais Titus meurt aussi. Rembrandt est mis le couteau sous la gorge par le commerçant Becker qui a racheté une partie de ses dettes, et se les fait rembourser en tableaux. Qu’importe, Rembrandt ne vend plus : il lui suffit pour survivre d’avoir des toiles et de la lumière.

Il meurt oublié de tous, un cortège très court suit son corps, aucun éloge n’est prononcé…

Muriel Marhic (site : http://www.marhic.com/)

 

P.S « La vie passionnée de Rembrandt » édition Marabout Géant (1957) par Jan Mens. (Malheureusement devenu rare)

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