Cent chefs-d’oeuvre de collections particulières
du 14 février 2014 au 6 juillet 2014.
A Marmottan, je n’ai jamais vu pareille file d’attente !
Aussi, d’abord et avant tout, je vous conseille de réserver en ligne, c’est pratique : on peut imprimer son billet chez soi.
Vous arrivez, vous passez devant tout le monde et le tour est joué !
Et voici l’entrée du musée. J’ai calculé que la file d’attente était environ 5 fois plus longue que ce que l’on voit ci-dessous :
Bravo d’abord à Patrick de Carolis, le nouveau directeur du musée, qui sait ce qui plait et à quel moment.
Plus l’art contemporain nous impose ses créations et plus, semble-t-il, le public se tourne vers des choses plus classiques. Il est curieux de constater que certains musées qui nous avaient habitués à de grandes expositions de peintres célèbres, se tournent cette année plus vers l’archéologie, l’anecdote historique, etc. que vers la peinture…
Les tableaux sont ici présentés dans un ordre chronologique sur un fond généralement beige ou rouge brique qui les met bien en valeur.
Jeu de mot !
Il y a un jeu de mot dans le titre de l’exposition « Les impressionnistes en privé ». « En privé » évoque tout d’abord des œuvres d’impressionnistes représentant leur vie privée, mais aussi et surtout le fait que les tableaux présentés ici sont des prêts de collections privées. Environ 51 prêteurs ont donc prêté une centaine d’œuvres.
Or, les collectionneurs ont souvent du goût et ce qu’ils ont acheté est en général d’une très haute qualité.
D’autre part, l’ordre chronologique permet de suivre, pas à pas, l’évolution de l’impressionnisme, de Corot à Monet tout en en comprenant mieux les tenants et les aboutissants !
Corot le précurseur
On peut dire que l’histoire de l’impressionnisme commence peu à peu avec Corot, notamment par sa touche plus floue que ce qui se faisait à l’époque, par sa maîtrise des couleurs et des tons rompus. En voici une illustration :
Jongkind le hollandais et Boudin le boutiquier
Et puis, on entre véritablement dans l’impressionnisme avec le hollandais Jongkind, un très grand peintre.
Boudin, grand peintre également a enseigné au jeune Monet la peinture de plein air. Il est aussi curieux de constater que Jongkind et Boudin se ressemblent beaucoup, par leur style et les sujets qu’ils peignent, principalement les ports, les plages.
Boudin est du genre « père tranquille », papetier-encadreur au Havre alors que Jongkind, entre les ennuis financiers et l’alcoolisme mène une vie plutôt dramatique…
Boudin, dans sa boutique, sera amené à rencontrer plusieurs peintres dont je jeune Monet à qui il donnera même des cours et qui reconnaitra plus tard qu’il devait tout à Boudin.
On sent le calme et la paix dans ses toiles, comme dans « la plage de Bénerville » ci-dessous. On voit dans le détail (qui ferait un tableau à lui tout seul) que Boudin avance encore plus dans l’impressionnisme, notamment par des touches uniques laissant la couleur dans un état de fraicheur remarquable, le tout sur des fonds gris, faisant particulièrement ressortir les couleurs.
Sisley le grand
Vient ensuite le grand Sisley qui est pour moi l’impressionniste le plus constant dans le style. Ses toiles sont de l’impressionnisme pur et on peut dire qu’il a mené la technique à son apogée ! On le voit notamment dans une toile présente ici, « Une cour à Chaville », chef d’oeuvre parfait :
Dont voici un détail « éclairant » :
A ce sujet on dit souvent que les impressionnistes mettent du bleu dans l’ombre, ce qui est faux ! Ils ne mettent du bleu que si le ciel est bleu, ce qui est le cas pour ce paysage, le ciel se reflétant sur la terre, d’autant plus bleue qu’il s’agit ici de neige.
A remarquer aussi les coups de pinceaux bien nets et dont on voit les sillons. La lumière se reflétant dessus dans tous les sens donne un côté « brillant » propre aussi à l’impressionnisme. D’autre part, le personnage est d’une simplicité étonnante (fait en trois coups de pinceau !).
Pissarro le deuxième « grand »
Je mettrais Pissarro juste après Sisley pour la facture impressionniste bien que moins constant. Ce merveilleux paysage fait penser à Corot, mais le style est beaucoup plus impressionniste :
on peut d’ailleurs voir cette facture impressionniste particulièrement dans la végétation entourant la maison, avec des coups de pinceau, apparemment en fouillis, mais en fait très ordonnés.
Berthe Morisot, plus qu’impressionniste
Quant à Berthe Morisot, elle a le rare talent de réaliser ci-dessous une aquarelle impressionniste, ce qui me semble un défi extraordinaire !
Là où les touches devraient être épaisses (ce qui est impossible avec l’aquarelle), on peut dire qu’elle est « sauvée par la touche »…
Les verts sont très rompus et la touche aérienne !
On voit ici d’autres oeuvres de Berthe Morisot, de belles huiles sur toile comme la » Jeune fille
à la potiche « .
Le Roi Monet
Bien sûr, le roi dans le domaine de l’impressionnisme, est Claude Monet dont il y a ici quelques chef d’œuvres, tel
» Bras de la Seine près de Vétheuil » est extraordinaire travail dans le domaine des verts et des bleus !
D’autres très grands peintres sont exposés ici, comme Bazille ou Cézanne qui eut sa période impressionniste très remarquable aussi (cliquer sur le logo en début d’article), ou même Degas et Guillaumin, Manet, Renoir etc.
En conclusion, c’est une exposition à visiter, vous ne le regretterez pas !
du 14 février 2014 au 6 juillet 2014.
Musée Marmottan : 2, rue Louis-Boilly 75016 Paris France
Le musée Marmottan Monet est ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 10h à 18h.
Nocturne le jeudi jusqu’à 20h.