Marquet au Musée de la Marine

Albert Marquet, itinéraires maritimes

15 octobre 2008 – 2 février 2009

Le Musée de la Marine nous propose un beau voyage maritime avec Albert Marquet (1875-1947), au travers de 77 peintures, 33 aquarelles et de nombreux dessins.

Marquet, grand voyageur, (voir la carte de ses voyages à l’entrée de l’expo), a réalisé nombre de paysages et, bien entendu, des paysages maritimes, car étant né dans un port (Bordeaux) il adorait la mer, les fleuves, tous les plans d’eau et, naturellement, les bateaux.

Même s’il n’avait pas une connaissance approfondie des navires, il devint tout de même « peintre officiel de la Marine » en 1945.

Marquet le calme

On voit nettement, à travers son oeuvre, le caractère de Marquet, homme doux, calme, discret, patient, tenace et solitaire.

On l’imagine bien, s’installant en prenant son temps, généralement à une fenêtre ouverte sur un port et se mettant à peindre avec application, dessinant d’abord au pinceau, passant les couleurs, puis soulignant à nouveau de traits noirs certaines formes…

Ici était la photo du tableau intitulé : « Vue du Port de Boulogne sur Mer », retiré à la fin de l’exposition (droits d’auteur).

On imagine les traits sûrs et lents de son pinceau.

Sa méthode, curieusement très classique, est dans le droit-fil de l’impressionnisme et en est l’héritière directe, notamment dans le traitement des valeurs.

Marquet, peintre de la lumière

Beaucoup disent de Marquet que « c’est un peintre de la lumière » et d’autant plus que celle-ci est valorisée par le traitement des ombres.

C’est en fait un peintre de l’ombre et de la lumière.

Mais il a évolué par rapport à l’impressionnisme, notamment en synthétisant extraordinairement ses paysages ; c’est particulièrement flagrant dans le traitement des arbres.

Même la mer est simplifiée : du sable jaune, une mer verte qui vire au bleu et à nouveau, au loin, un banc de sable jaune qui ferme le tableau comme une signature :

Ici était la photo de la toile intitulée « le Pyla » retirée pour application du droit d’auteur.

Marquet, la couleur

En ce qui concerne les couleurs, celles ci sont toutes plus ou moins rompues, les lointains sont bleutés ou très grisés.

Ce traitement valorise extraordinairement les couleurs moins rompues qui semblent alors saturées (mais ne le sont généralement pas, mis à part quelques cheminées de bateau vermillon !).

Marquet le « fauve »

Il s’adonna un temps au fauvisme, avec son ami Matisse et les tableaux de cette époque ont des couleurs plus saturées.

Ici était la photo de la toile intitulée « Le Port de la Ponche à Saint-Tropez » retirée pour application du droit d’auteur.

La seule concession qu’il semble avoir faite au fauvisme, à l’époque, outre les couleurs plus vives, est d’avoir cerné les formes de violet au lieu du noir habituel (l’effet est d’ailleurs surprenant, ajoutant une sorte de « relief » à la toile).

Mais il est vite revenu à ses premières amours, rompant à nouveau ses couleurs pour les rendre plus conformes à la réalité.

Marquet impressionniste ?

Marquet est l’un de ceux qui, avec Matisse, Rouault et bien d’autres, prolongèrent l’impressionnisme tout en gardant une liberté totale dans la création, restant au plus proche de cette technique tout en l’épurant.

Curieusement, sa technique, volontairement sobre, synthétique, simplifiée, est peut être ce qui fait son originalité, face à un Matisse, un Rouault, et plus encore, un Picasso.

Marquet, face à Marcelle Marquet

Il est peintre et peint naturellement ce qu’il voit, avec modestie et simplicité.

Il dira d’ailleurs : Je ne peux rien créer de plus, ni autrement (***). 

Marcelle Marquet, sa femme, sera une sorte de témoin de la vie du peintre.

Elle écrira un livre sur Marquet (« Vie et portrait de Marquet ») et dira de lui, entre autre :

Jusqu’à la fin, Marquet s’est acharné à saisir la vie. Il peignait, il dessinait sans se lasser, poursuivant toujours la même recherche, la lumière dans ses moindres frémissements, la vie dans tout ce qui la décèle, un geste, une attitude, un fléchissement. Il avait fait sien un mot de Hokusai « Arriver à ne pas indiquer un point qui ne fût vivant ».

Et tout au long de la visite, on pourra lire sur les murs des phrases particulièrement intéressantes, écrites par sa femme.

Est également présente à cette exposition, une émouvante série de carreaux de céramique que Marquet avait peints pour sa propre salle de bains, à la manière des azulejos portugais !

Une exposition à ne pas manquer !


Pour en savoir plus :

Une intéressante émission sur Canal Académie.com

Palais de Chaillot 17 place du Trocadéro 75116 PARIS

Téléphone : 33 (0)1 53 65 69 69 Exposition du 15 octobre 2008 au 2 février 2009

 

*** Albert Marquet, le paradoxe du temps de Mikhaïl Guerman aux Editions Parkstone Aurora

le 4 décembre 2008
Pour marque-pages : Permaliens.

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