Nicolas de Staël au Centre Pompidou

Nicolas de Staël jongle avec les couleurs. Il prend des risques, faisant se côtoyer des verts et des bleus, des mauves, des rouges, on sent qu’il est tout le temps à la frontière entre la figuration et l’abstraction, frontière particulièrement ténue.

Il est écrit d’ailleurs, dans les commentaires accompagnant l’exposition, que « Staël est partagé entre la crainte de l’inachevé et du trop abouti « .

Il n’a pas choisi un chemin facile. L’exposition nous présente son oeuvre, à travers sa vie, par ordre chronologique.

A ses débuts, Nicolas de Staël est figuratif avec une tendance à l’abstraction (voir ses tableaux  » rayures du jour  » de 1944, avec de très belles couleurs,  » le cube de 1946, dans les tons terre et gris et  » Casse Lumière  » de 1946, une belle composition dans les noirs et ocres).

La période carrément abstraite (1949-1951) est une période difficile, de recherche pure.

En 1952, suivant les organisateurs de l’exposition, il revient à la figuration (mais l’a-t-il jamais quittée ?).

J’ai fait une expérience. Je me suis assis devant une assez grande toile, censément figurative et que je ne connaissais pas et je me suis demandé ce que je voyais exactement. Il m’a fallu un certain temps pour reconnaître une chose (et une seule) : un piano blanc. Or, le titre de l’œuvre (que je n’ai regardé qu’après) était :  » l’orchestre « … Donc, on est quand même bien dans le figuratif. Mais pourquoi ce besoin de vouloir à tout prix classer les choses, les ranger dans des petites cases toutes prêtes ? Nicolas de Staël est un peintre, un grand peintre. Le reste n’a, me semble-t-il, pas vraiment d’importance.

En parcourant cette exposition j’ai découvert un tableau, appelé  » cinq pommes  » que j’aime bien ; c’est une petite toile dans les tons gris. Elle m’a fait penser à Van Gogh.

Un autre toile, très belle « Ciel à Honfleur », est faite d’une succession de bandes. Au bas de la toile, une bande représentant le sable, puis une successions de bandes dans les gris, bleu, blanc pour le ciel.

Nous découvrirons ensuite la série de toiles intitulée  » les footballeurs « , dans une salle très sombre, où la seule lumière vient des spots éclairant les tableaux.

J’ai bien aimé aussi une toile intitulée  » paysage au nuage « . Un gros nuage gris un peu rectangulaire. Plus bas, un trait noir plus ou moins rempli : on pense à une ville à l’horizon, puis des champs, peut-être un fleuve ; plus loin, une petite toile intitulée  » les mûriers « , dans les tons verts – bleus, les mûriers étant dans un vert olive très rompu.

Mais ce sont les dernières toiles que je préfère :

  • « Fort carré d’Antibes »
  • « Atelier vert » de 1954. Magnifique
  • « L’étagère » de 1955, deux étagères superposées, sur fond blanc. Dessus, des oranges ou des pommes, une cafetière, un ou deux pots, un bougeoir. Très beau, très pur.
  • « le bocal » dans les noirs, avec un bocal , bien au centre, contenant un liquide rose, le fond étant noir-bleu et la table noire.

L’exposition se termine par cette toile monumentale, intitulée « le concert ». Elle est inachevée, paraît-il, mais qu’est-ce qui est inachevé dans une oeuvre comme celle de Nicolas de Staël ?

Il disait lui même : « Il faut s’habituer à finir plus sans finir, ce n’est pas facile »

Il n’est pas gênant d’apercevoir des coulures autour de la contrebasse (au contraire). Ça ne me gène pas non plus qu’il n’y ait pas de musicien…. Elle représente un instant, elle représente le temps qui fuit, elle représente un arrêt.

Une belle exposition qui a le mérite de mettre en parallèle la vie et l’œuvre de Nicolas de Staël.

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