Les visionnaires : Aldous Huxley et George Orwell
Aldous Huxley était un aristocrate, alors que Orwell était carrément à gauche. Pendant 2 ans, ils se sont côtoyés à Eton, école prestigieuse de la haute société britannique. L’un y était élève (George Orwell) et l’autre son professeur (Aldous Huxley). Orwell meurt de la tuberculose en 1950 à 46 ans et Huxley à 69 ans d’un cancer de la gorge en 1963, le jour de l’assassinat de Kennedy.
« 1984 » est souvent comparé au « Meilleur des mondes ». Ils évoquent tous les deux une dictature à venir et sont tous les deux prophétiques.
1984 écrit en 1948 par Georges Orwell est une anticipation sur un monde qui ressemble au monde stalinien avec un soupçon de nazisme, et une légère brise de technologie.
La différence entre les deux romans tient essentiellement au fait que dans « 1984 », le peuple est malheureux, alors que dans « Le meilleur des mondes », il est heureux (artificiellement).
Dans 1984, les gens adorent un personnage par ailleurs très antipathique et nommé « Big brother ». Ceux qui ne sont pas d’accord sont « vaporisés » (quel mot poétique !).
Il y a des « télécrans » partout (c’est à dire des caméras de surveillance). Les jeunes sont enrôlés dans des milices (les « espions ») essentiellement, semble-t-il, pour dénoncer leurs parents.
La dessus se greffe une histoire d’amour et tout se termine par un long lavage de cerveau dans un état très policier…
Par contre « Le meilleur des mondes », roman écrit en 1932 par Aldous Huxley, est beaucoup plus fin et bien mieux écrit à l’instar de leurs auteurs.
Aldous Huxley nous décrit un monde parfait, avec des gens adaptés à ce monde. Ils sont nés conditionnés pour le travail qu’ils font (pas trop mais suffisamment, 7 h. 30 par jour; en dessous on a remarqué qu’ils présentaient différents troubles !)…
Ce monde a compris et résolu les dangers de la science et décidé d’arrêter toutes les recherches à un niveau où elles ne présentent plus de risque. Tout ça me semble finalement assez sage…
De plus, pour que tout le monde soit vraiment heureux, il existe une sorte de médicament, un peu comme de l’alcool mais sans effets secondaires, le « soma » que tout un chacun peut prendre à volonté pour se relaxer. Aldous Huxley devait d’ailleurs s’intéresser aux drogues plus tard, notamment au LSD.
En somme, il se pose la question du bonheur avec une technologie suffisante… Exemple : nous savons que nous sommes un peu « suivis » avec nos téléphones portables. Mais qui d’entre nous renoncerait à être suivi et se séparer de nos téléphones ?
Il y a aussi dans ce roman un « bon sauvage » à la Rousseau, représentant « l’homme moderne » tel que nous le concevons et parfaitement malheureux dans ce monde pour lequel il n’est pas fait !
Les êtres humains sont tous conçus dans une usine à bébés dans laquelle on fabrique deux catégories d’individus, les alphas (les dominants) et les epsilons (les gens qui ne sont rien !). Et personne ne peut passer d’une classe à l’autre.
On peut se demander si le monde d’aujourd’hui ne s’achemine pas vers un mélange de ces deux romans…