Une intéressante exposition présentant 120 peintures, une trentaine d’oeuvres graphiques et environ 60 photographies s’est tenue au Grand-Palais du 13 octobre 2007 au 28 janvier 2008
Un homme complexe
Courbet est un homme complexe
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Et les nombreux écrits sur lui n’éclairent pas vraiment, car ils sont très souvent contradictoires.
Personnage à la Rastignac, « il monte à Paris » pour conquérir le monde, à l’âge de vingt ans, au grand dam de son père qui voulait qu’il « fasse son droit ».
Il suit les cours de peinture de Von Steuben et fréquente l’académie Charles Suisse.
Il est sûr de lui, facétieux, bon vivant, travailleur mais orgueilleux aussi.
Parmi les multiples preuves de sa vanité, n’oublions pas, par exemple, que son tableau « la rencontre » montrant son mentor Bruyas, accompagné de son intendant venant à sa rencontre dans la campagne, a été aussi intitulée « la fortune rencontrant le génie » !
Très vite il produit de très belles toiles. Mais son but n’est pas la recherche du beau. Il veut peindre les choses et les gens tels qu’ils sont (sauf pour ses autoportraits peut être et ceux de son mécène, Bruyas), au risque même de la laideur.
Il a de grandes ambitions pour sa peinture (et pour lui !).
On le place dans le courant du « réalisme », bien qu’il ait dit : « Le titre de réaliste m’a été imposé comme on a imposé aux hommes de 1830 celui de romantique. »(Dictionnaire de la peinture Larousse).
« La toilette de la morte »
Courbet était déjà mort lorsque cette toile a pris le nom de « La toilette de la mariée », nom donné par ses soeurs qui pour des raisons purement commerciales ont rebaptisé le tableau pour le revendre plus facilement avec un titre moins rébarbatif.
« L’atelier du peintre » (ou « allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique ») gigantesque toile, hautement symbolique.
Il y aurait représenté la vie réelle à gauche et la vie intellectuelle à droite.
On y reconnaît Baudelaire, Bruyas, Napoléon III, Proudhon et d’autres !).
La présence d’un modèle dénudé est également étrange, alors que lui, Courbet se représente (au centre bien sûr !) peignant un paysage.
Il rencontre Proudhon dont il partage les idées anarchistes et qui lui consacrera un livre.
Peut-être les partage-t-il un peu trop, car on l’accusera plus tard, après la « Commune » d’avoir poussé à démolir la Colonne Vendôme. Il fera six mois de prison (voir son autoportrait à Sainte-Pélagie exposé ici).
Puis, condamné à payer les réparations de ladite colonne pour une somme gigantesque, il s’exile en Suisse.
Dès lors, il deviendra plus modeste et reviendra à des sujets plus humbles, des natures mortes notamment.
Courbet et le bitume
Courbet couvrait souvent sa toile d’un fond noir pour « l’éclairer » peu à peu. En mettant de la couleur, il faisait jaillir la lumière, pensait-il. En fait ce fond noir-brun est formé de bitume qui a la désagréable caractéristique de ne jamais sécher. C’est l’inverse de la technique impressionniste qui privilégiait le fond blanc !
C’est particulièrement flagrant dans « l’enterrement à Ornans », qui a été déplacé ici pour l’exposition et qui se trouve habituellement au musée d’Orsay où, particulièrement mal éclairé, il devient d’année en année de plus en plus sombre. Ici, il retrouve une seconde jeunesse avec un excellent éclairage.
Courbet et le couteau
Courbet est l’un des premiers peintres à utiliser le couteau pour peindre (on a même dit qu’il utilisait un couteau de cuisine !).
C’est particulièrement évident dans l’écume de « la vague » :
Courbet, l’importance des racines
Très attaché à sa ville natale d’Ornans, il peindra régulièrement des paysages de cette région.
La famille est également importante pour lui, il peint son père, ses soeurs cadettes et sa plus jeune soeur, Juliette.
Courbet, Whistler et « l’origine du monde ».
Courbet et Whistler se rencontrent et s’estiment. La maîtresse (et modèle) de Whistler, Joanna Hefferman, posera pour Courbet notamment pour « la belle irlandaise » et peut-être pour « l’origine du monde » ? Et Whistler se fâche avec Courbet… prétendant qu’il ne supportait pas la vulgarité de ce dernier.
Courbet chasseur
Courbet aime la chasse et l’on pourra en voir ici de grandes scènes, de très grands tableaux en général.
Notamment « L’hallali du cerf », assez cruel et présentant quelques problèmes de perspective… (le chasseur est trop grand, mais c’est peut-être volontaire, puisqu’il s’agirait de Courbet en personne !)
Il peint jusqu’à la fin
Contrairement à ce qui est souvent dit, Courbet peindra jusqu’à la fin de sa vie et même s’il connut de terribles difficultés, il ne s’arrêtera pas.
Il meurt à La Tour-de-Peilz en Suisse) des suites d’une cirrhose en 1877.
Une belle exposition à voir, jusqu’au 28 Janvier 2008.
***Sources :
Bénézit
« Gustave Courbet un peintre en liberté » de Gilles Plazy au Cherche-midi
Courbet de Bruno Foucart chez Flammarion
le 23 octobre 2007