James Ellroy : Ma part d’ombre

James Ellroy est un grand écrivain américain, connu surtout pour ses romans policiers, avec notamment « LA Confidential », « Le dahlia noir » (portés à l’écran), et dernièrement « Underworld USA ».

Il a écrit sa propre histoire qui est parue en France en 1996 sous le titre « Ma part d’ombre ».

Il faut d’abord prendre patience avec les 114 premières pages qui sont truffés de rapports de police, avant d’arriver au formidable premier chapitre , intitulé « le môme sur la photo ».

James Ellroy à 11 ans

Ce môme, c’est James Ellroy en personne à l’âge de 11 ans alors qu’on vient de lui apprendre la mort de sa mère (assassinée) et qu’il est heureux car, sous l’influence de son père, il a appris à la détester…

Il deviendra par la suite délinquant, alcoolique, drogué, il fera de la prison et des séjours à l’hôpital. Nous découvrons le Los Angeles sordide des années 50…

Le chapitre 3 est intitulé « Stoner », du nom du policier à la retraite qu’il a embauché, pour refaire avec lui l’enquête sur le meurtre de sa mère (jamais élucidé).

Le policier Stoner

Ils parcourront ensemble les États-Unis, feront des émissions de télévision, ouvriront des « numéros verts » pour récolter de nouveaux témoignages, mais ils ne retrouveront jamais le coupable.

Par contre James Ellroy retrouvera sa mère, non pas la mère que son père lui décrivait, mais la vraie, notamment celle qui lui enlevait les épines dans les genoux après une chute (cette image lui revient au cours de l’enquête).

Extraits  :

-  Mon abcès au poumon a guéri complètement. Je suis sorti de l’hôpital et j’ai passé un marché avec Dieu. Je lui ai dit que je ne volerais plus. Tout ce que je voulais, c’était récupérer mon esprit pour de bon. (…) Je comprenais le côté grotesque de tous les contrats passés avec Dieu (…) mon cerveau pouvait sauter demain ou en l’an 2000). La peur m’a gardé sobre La peur ne m’a enseigné aucune morale.

-  (Il visite le bar dans lequel sa mère a été vue avant d’être assassinée) : J’ai adoré l’endroit. Les visites qui ont suivi m’ont touché tout en douceur et harmonie. Ma mère avait dansé en ce lieu. C’est avec elle que je dansais maintenant. Cette danse, c’était tout une réconciliation.

A la fin de l’enquête :

-  Je me suis trouvé à court de souvenirs et j’ai ouvert les yeux.

Il s’est réapproprié sa mère et a donc pu construire sa vie.

Il faut lire ce livre, même s’il y a des parties un peu longues, notamment les laborieuses enquêtes de la police qui ne mènent nulle part, méticuleusement écrites, avec un incroyable goût du détail.

James Ellroy nous raconte ici sa vie de « taré », comme il le dit quelque part, et puis sa résilience, comme dirait Boris Cyrulnik. Étonnant !

 

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