Jordaens 1593-1678 – La gloire d’Anvers au Petit-Palais

 Jacques Jordaens (1593-1678) Sainte Famille, vers 1620 © Southampton City Art Gallery, Hampshire, UK

Jacques Jordaens (1593-1678)
Sainte Famille, vers 1620
© Southampton City Art Gallery, Hampshire, UK

Splendide exposition.

Cent vingt oeuvres venues de tous les coins du monde, de Belgique bien sûr, mais aussi des USA, de Suède, de Jérusalem, de Hongrie, de Vienne et d’Espagne, sont présentées ici, dans un décor extraordinaire !

La scénographie est en effet ici étonnante, très belle.


Jordaens vécut à Anvers à une époque ou la contre-réforme était très active et la religion catholique faisait tout son possible pour reprendre les rênes de la foi chrétienne. D’autant plus que la Réforme avait vu se dégrader bon nombre d’églises. Tout était donc à refaire.
D’où de nombreuses commandes de l’Église et de nombreuses scènes bibliques. Jordaens, contemporain de Rubens et Van Dyck, ayant même travaillé avec ces grands peintres, leur survécut largement (près de 40 ans !) et devint riche et célèbre (il termina même certaines toiles inachevées de Rubens).
Mais il  réalisa aussi des toiles profanes,  très prisées à l’époque, illustrant des scènes familiales ou des proverbes.
Il fit aussi les cartons de nombreuses tapisseries (on en présente un ici, bien conservé et d’une taille gigantesque : « Serviteur amenant un cheval à son maître – l’oeil du maître nourrit le cheval »).
L’exposition :
Ici, au Petit palais, la scénographie est remarquable. On pénètre dans l’exposition dans une vaste salle, haute de plafond, un décor  de l’époque de Jordaens, élégant, sobre et raffiné, sur un fond de musique baroque !
©bGcstudio

©bGcstudio

La « gloire d’Anvers », c’est Jordaens lui-même, ville dont il n’est d’ailleurs pratiquement jamais sorti. Beaucoup de ses toiles font penser au Caravage  sur le plan de la facture, mais Jordaens a un style « bon vivant » (alors que le Caravage est plutôt sombre). Il peint en général des scènes joyeuses et familiales (« Le roi boit » par exemple), d’autres à la limite de la caricature (« voir « l’Homme obèse » ci-dessous).
homme obese
Voici, dans la vidéo ci-dessous, une belle présentation de cette exposition, par les organisateurs eux-mêmes :

Jordaens (1593-1678), la gloire d’Anvers par paris_musees

Analyse de quelques tableaux de Jordaens, en vidéo

Dans la vidéo ci-dessous, nous avons une très bonne analyse de quelques tableaux de Jordaens, à savoir :

« l’Adoration des bergers »

« la Sainte Famille »

« Autoportrait de l’artiste avec sa femme Catharina van Noort, leur fille Elisabeth et une servante dans un jardin »

–  Les quatre évangélistes

–  Servante avec une corbeille de fruits et un couple d’amoureux

« Le roi boit ! »

–  « L’enlèvement d’Europe »

« Le satyre et le paysan »

C’est un peu long (16 minutes), mais particulièrement intéressant et ça vaut le coup de la regarder !

Jordaens au Petit Palais par Blanche_Jade

A remarquer : un très beau « Jean Baptiste » (celui qui prêchait et baptisait dans le Jourdain, se nourrissant de sauterelles) étonnamment jeune, pas du tout le fou échevelé qu’on nous présente généralement !

Jordaens - Jean-Baptiste

Jordaens – Jean-Baptiste

En un mot comme en cent, cette exposition est à voir absolument, même s’il reste peu de temps pour le faire !

19 septembre 2013 – 19 janvier 2014

PETIT PALAIS
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston Churchill – 75008 Paris
Tel: 01 53 43 40 00
Accessible aux personnes handicapées.


Biographie succinte de Jordaens  (1)

20 mai 1593 : Baptême de Jacques Jordaens à Notre-Dame d’Anvers.

1607-1608 : Jordaens entre dans l’atelier d’Adam van Noort (1561-1641) comme apprenti.

1615-1616 : Il est reçu franc-maître à la guilde de Saint-Luc comme peintre à la détrempe.

15 mai 1616 : Mariage avec Catharina van Noort, la fille aînée de son maître, à Notre-Dame d’Anvers. Le couple aura trois enfants : Elisabeth en 1617, Jacob en 1625 et Anna Catharina en 1629.

Vers 1617-1620 : Jordaens travaille probablement dans l’atelier de Rubens (1577-1640), en même temps qu’Antoon van Dyck (1599-1641).

28 septembre 1621 : L’artiste est nommé doyen de la guilde de Saint-Luc, fonction qu’il abandonne dès l’année suivante.

1628 : Exécution du grand Martyre de sainte Apolline pour l’église des Augustins d’Anvers. Rubens qui avait sans doute reçu la commande des trois toiles du maître-autel se réserva celle du centre et confia les autres à Jordaens et Van Dyck.

1634-1635 :  Large participation de Jordaens à la réalisation des décors éphémères conçus par Rubens pour la « Joyeuse entrée » à Anvers du cardinal-infant Ferdinand, nouveau gouverneur des Pays-Bas espagnols (17 avril 1735).

1637-1638 : Nouvelle collaboration avec Rubens pour une série de peintures mythologiques destinées à la Torre de la Parada, pavillon de chasse de Philippe IV d’Espagne.

11 octobre 1639 : Acquisition par le couple Jordaens d’une maison dans la Hoogstraat à Anvers. Reconstruite autour d’une cour intérieure, elle est achevée en 1641. Il y demeura jusqu’à sa mort.

1639-1641 : Commande de vingt-deux peintures sur le thème de L’Histoire de Cupidon et de Psyché pour un cabinet de la reine d’Angleterre Henriette-Marie (Greenwich). L’identité du commanditaire sera cachée à l’artiste. La série demeurera achevée.

30 mai 1640 : Mort de Rubens. Jordaens est considéré comme le premier peintre des Pays-Bas méridionaux, position affermie par la disparition de Van Dyck, l’année suivante.

1640-1641 : Les héritiers de Rubens confient à Jordaens l’achèvement de deux peintures qui avaient été commandées par Philippe IV d’Espagne.

22 septembre 1644 : Jordaens s’engage à livrer à des lissiers bruxellois des cartons de tapisserie illustrant le thème des Proverbes.

21 avril 1648 : Christine de Suède commande à Jordaens, pour un plafond du château d’Uppsala, trente-cinq peintures (disparues) qu’il est libre de faire exécuter par des collaborateurs à condition de les retoucher et de les signer.

Automne 1649 : Collaboration à la décoration de la Salle d’Orange dans la résidence princière dite « Huis ten Bosch » à La Haye, pour célébrer la mémoire du Stadhouder Fréderic-Henri († 1647).

Entre 1651 et 1658 : Jordaens est condamné à payer une forte amende à cause « d’écrits scandaleux » (hérétiques).

17 avril 1659 : Décès de son épouse, Catharina van Noort ; elle est enterrée de l’autre côté de la frontière hollandaise dans le cimetière (ou l’église) calviniste de Putte.

1659 : La recension des foyers anversois pour la dîme révèle que Jordaens compte parmi les habitants les plus prospères de la ville.

1661 : Jordaens réalise trois peintures pour le nouvel Hôtel de Ville d’Amsterdam (in situ). Une autre toile lui est commandée en 1664.

1669 : Le peintre hambourgeois Matthias Scheits rend visite à l’artiste qu’il trouve « peignant encore diligemment ». Le maître lui fait les honneurs de sa collection de peintures.

24 février 1674 : Pour la première fois, une Cène calviniste est célébrée dans la maison de Jordaens qui accueillera ce type de célébration plusieurs fois jusqu’en 1678.

5 juin 1677 : Visite de Guillaume III d’Orange. Son secrétaire, Constantijn II Huygens, décrit un Jordaens diminué, impotent et radotant.

18 octobre 1678 : Mort de Jordaens et de sa fille Elisabeth à Anvers, probablement victimes d’une épidémie. Ils sont inhumés dans le cimetière calviniste (ou dans l’église) de Putte.

(1) Source Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Jean-Pierre Duvaleix

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