Il y a ici 200 oeuvres exposées. Des huiles, des dessins mais aussi des affiches. Car il fut aussi un grand affichiste.
Toulouse-Lautrec, grand dessinateur, plein de talent, a commencé à peindre et à dessiner à l’age de 11 ans…
Né en 1864 dans une famille noble, il est atteint de difformités dues sans doute à la consanguinité de ses parents (ils sont cousins). Il est très petit et subi de nombreuses fractures. Il apprend le dessin et la peinture auprès de grands maitres dont René Princeteau, Fernand Cormon…
Il se met à fréquenter les cabarets, les bars et commence à « brûler la chandelle par les deux bouts ». ..
En 1890, il provoque en duel le peintre Henry de Groux qui critiqua la peinture de Van Gogh lors du salon des XX à Bruxelles.
Il devient alcoolique et syphilitique, ce qui ne l’empêchera pas de peindre et dessiner avec talent jusqu’à la fin. D’ailleurs en 1899 il sera interné et pour prouver qu’il a toutes ses facultés il livrera une trentaine de dessins, montrant qu’il a recouvré toute sa lucidité.
Toulouse-Lautrec durant sa courte vie (36 ans), aura livré 737 peintures, 275 aquarelles et 369 lithographies et plus de 5000 dessins – Source Géo-Art)
Ci-dessous, une petite vidéo propre à restituer un peu l’ambiance à cette belle exposition, voyage à travers la vie artistique de la fin du XIXème siècle :
Vous avez jusqu’au 27 janvier 2020 pour aller voir cette belle exposition au Grand Palais à Paris.
Repères chronologiques (Source RMN)
1864 — Henri Marie Raymond de Toulouse-Lautrec-Monfa naît à Albi, le 24 novembre, dans l’hôtel familial du Bosc. Il est le fils du comte Alphonse et de la comtesse Adèle, née Tapié de Céleyran, sa cousine germaine.
1868 — Mort de son frère Richard à l’âge d’un an. Ses parents se séparent. Henri grandit sous la garde de sa mère et suit des cours particuliers. Il séjourne l’été au château de Céleyran, résidence familiale près de Narbonne, dans l’Aude.
1870-1871 — Durant la guerre francoprussienne et la Commune, Henri et sa mère séjournent au château du Bosc (Rouergue).
1872-1874 — La famille s’installe à Paris, rue Boissy-d’Anglas, puis à Neuilly. Henri entre au lycée Fontanes (futur lycée Condorcet) et y rencontre Maurice Joyant (1864-1930), qui sera son fidèle ami, son marchand, son premier biographe et l’un des créateurs du musée Toulouse-Lautrec d’Albi. Doué et travailleur, l’enfant accumule les premiers prix.
1875-1876 — Sa santé l’oblige à quitter le lycée Fontanes. Les traitements rendent impossible une scolarité normale. La comtesse Adèle prend en charge son éducation. Il découvre l’oeuvre du peintre animalier René Princeteau (1843-1914), un ami de son père, et commence à peindre et à dessiner. Il prend des leçons d’équitation et apprend l’anglais. L’un de ses premiers tableaux, La Bécasse, représente un trophée de chasse.
1878 — À Albi, dans sa maison natale, Lautrec tombe d’une chaise basse et se fracture le fémur gauche. Henri dessine et peint, de plus en plus. Lecture de Jules Verne et Paul Féval. Longue convalescence et cures avec sa mère.
1879 — À Barèges, au cours d’une promenade avec sa mère, il tombe dans un fossé et se brise le fémur droit. Ces deux fractures sont la conséquence d’une dégénérescence osseuse due à la consanguinité de ses parents. Lautrec ne grandira plus; il mesure un mètre cinquante-deux.
1880 — En convalescence à Nice, à Céleyran et au château du Bosc, il orne ses carnets de croquis et d’aquarelles inspirés par la chasse.
1881 — Après un premier échec, il est reçu au baccalauréat à Toulouse. À Paris, il fréquente l’atelier de René Princeteau et organise sa vie de peintre. Il hésite à intégrer l’atelier d’Alexandre Cabanel et y renonce.
1882 — Présenté par René Princeteau, il entre en avril dans l’atelier du peintre naturaliste Léon Bonnat, ancien ami de Degas. À l’automne, l’atelier ferme et Lautrec rejoint Fernand Cormon (1845-1924), rue Constance, à Montmartre. L’auteur de Caïn (Salon de 1880, musée d’Orsay) passe pour un nouveau Géricault.
1883 — Chez Cormon, Lautrec se lie d’amitié avec Louis Anquetin (1861-1932) et Albert Grenier
(1858-1925). Il rencontre également Émile Bernard (1868-1941) et Vincent Van Gogh (1853-1890), dont il exécute, en 1887, le portrait au pastel. Il expose au musée de Pau.
1884 — Lautrec emménage avec Albert et Lili Grenier au 19 bis, rue Fontaine, à Montmartre, et commence à fréquenter Le Chat Noir, L’Élysée Montmartre et Le Moulin de la Galette, immortalisé par Renoir. Il peint des portraits de la rousse Carmen et devient l’ami d’Aristide Bruant. Sa parodie du Bois sacré de Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) est une manière de manifeste.
1885 — Bruant expose les oeuvres de Lautrec dans son cabaret, Le Mirliton : À Saint-Lazare, À Ménilmontant, À Batignolles. Les dessins de l’artiste sont reproduits dans le journal Le Mirliton, édité par le chansonnier. Il fait de courts séjours à la campagne chez ses amis Grenier à Villiers-sur-Morin. Il rencontre Suzanne Valadon (1865-1938), avec laquelle il a une liaison tumultueuse.
1886 — Lautrec loue un atelier au troisième étage du 27, rue Caulaincourt. Ses dessins sont publiés dans les journaux parisiens Le Courrier français, Paris illustré et Le Mirliton. Il envoie au Salon une nature morte au camembert, par provocation. Il invite Van Gogh à venir voir ses oeuvres accrochées au Mirliton.
1887 — Lautrec partage un appartement au 19, rue Fontaine avec Henri Bourges, étudiant en médecine. Il quitte l’atelier de Cormon et peint un grand panneau sur le thème du cirque, qui a disparu. En décembre, il expose avec Anquetin, Van Gogh et Bernard au Grand Bouillon, un restaurant populaire de l’avenue de Clichy. Ce sont les «impressionnistes du petit boulevard», aux sujets de rue et à la manière forte.
1888 — Octave Maus, qui copréside au groupe des XX à Bruxelles, l’invite à exposer onze toiles dont Au cirque Fernando, premier manifeste du naturalisme repensé, concis, spirituel et dynamique de Lautrec. Le tableau, l’année suivante, ornera l’entrée du Moulin Rouge.
1889 — Lautrec expose au Cercle artistique et littéraire, rue Volney, et au Ve Salon des Indépendants, auquel il participera jusqu’en 1894, avec Bal du Moulin de la Galette et Monsieur Fourcade. Des critiques remarquent ses toiles favorablement. Ouverture du Moulin Rouge, qui aura la faveur constante de Lautrec.
1890 — À Bruxelles, en janvier, lors de l’inauguration du Salon des XX, Lautrec provoque en duel Henry de Groux, qui s’en est pris à la peinture de Van Gogh (ce dernier meurt en juillet). En mars, il participe à la souscription qui vise à acheter Olympia et faire entrer le chef-d’oeuvre de Manet dans les collections nationales. Il présente le Portrait de Mlle Dihau au VIe Salon des Indépendants, « une gifle […] qui donnera à réfléchir à bien des gens », écrit-il.
1891 — Nouveau déménagement au 21, rue Fontaine, toujours avec Bourges. Il répond à la commande du Moulin Rouge pour l’ouverture de sa saison d’automne et compose sa première affiche publicitaire, un vrai «coup de poing», dira le critique d’art Thadée Natanson… Suit une série qui va accroître sa renommée auprès du grand public : Aristide Bruant aux Ambassadeurs (1892), le Divan Japonais (1892), Jane Avril au Jardin de Paris (1893)… Il réalisera en tout 357 lithographies et 31 affiches. Nouvelle participation à l’exposition du Cercle Volney, au Salon des Indépendants, où ses portraits sont remarqués par la presse, ainsi qu’à l’exposition des peintres impressionnistes
et symbolistes dans la galerie de Le Barc de Boutteville, 47, rue Le Peletier, avec Louis Anquetin, Émile Bernard, Pierre Bonnard et Maurice Denis. Rencontre d’Edgar Degas, qui l’adoube.
1892 — Nouvelles expositions au groupe des XX à Bruxelles, au Cercle Volney et chez Le Barc de Boutteville où ses peintures et son affiche Moulin Rouge – La Goulue sont saluées par la critique, notamment Arsène Alexandre et Roger Marx. Premier séjour à Londres. Premiers achats de la galerie Goupil, Boussod et Valadon. Yvette Guilbert lui commande une affiche avant d’en refuser le projet.
1893 — Maurice Joyant, son ami d’enfance devenu marchand, organise, à la galerie Boussod et Valadon, la première grande exposition de Lautrec, qu’il partage avec le graveur Charles Maurin (1856-1914). Il rencontre les frères Natanson, directeurs de la Revue Blanche, et se lie à ses collaborateurs, Tristan Bernard (1866-1947) et Romain Coolus (1868-1952), dramaturge avec lequel il court les théâtres, les maisons closes de la rue des Moulins et de la rue d’Amboise. Thadée Natanson et Félix Fénéon, qui rejoindra bientôt la Revue Blanche, soutiennent ses expositions, toujours nombreuses. Il démissionne du Cercle Volney. Lautrec se lie à Jane Avril (1868-1943) et consacre à la danseuse une première affiche pour le Jardin de Paris.
1894 — Lautrec s’installe au 27, rue Caulaincourt à la suite du mariage de Bourges. À Bruxelles, il expose au Centre de l’Art Nouveau avec Victor Horta et au Salon de la Libre Esthétique (qui a remplacé le groupe des XX). Voyages en Hollande avec Anquetin et à Londres, où il expose au Royal Aquarium. Il crée seize lithographies pour illustrer un texte de Gustave Geffroy sur Yvette Guilbert.
1895 — Il fréquente les Natanson, à Paris et Valvins, multiplie les collaborations à la Revue Blanche, notamment lors du procès d’Oscar Wilde, que la justice anglaise poursuit pour homosexualité. Il expose au Salon de l’Art Nouveau de Samuel Bing. Il exécute deux grands panneaux pour la baraque de La Goulue, qui s’est installée à la Foire du Trône. Pour se rendre à Bordeaux et passer l’été dans sa famille, il embarque au Havre, à bord du Chili. Tombé sous le charme d’une passagère qui se rend à Dakar, il saute l’escale de Bordeaux et débarque à Lisbonne. À partir de ce souvenir, il crée une affiche, La Passagère du 54. Tristan Bernard lui fait découvrir le vélo et le monde des vélodromes. Il fréquente assidûment de nouveaux lieux de boissons fortes: l’Irish and American Bar, rue Royale, et le Cosmopolitan American Bar, rue Scribe. Il y croise Footit et Chocolat.
1896 — Deuxième grande exposition particulière organisée par Maurice Joyant dans sa galerie rue Forest, où un espace réservé abrite les scènes de prostitution. Edmond de Goncourt apprend de Geffroy l’intention qu’a Lautrec d’illustrer La Fille Élisa, qui narre le destin libre et terrible d’une jeune prostituée. Publication de l’album de lithographies Elles, consacré aux pensionnaires des maisons closes. Lautrec participe à l’Exposition internationale de l’affiche à Reims. Exposition à Bruxelles et séjour à Londres en compagnie d’une équipe de cyclistes qui participent à une course organisée par Louis Bouglé pour le compte de la Chaîne Simpson. Dessins et affiches naissent de cette passion vélocipédiste.
1897 — Lautrec s’installe au 5, avenue Frochot, à Pigalle. Il participe au IVe Salon de la Libre Esthétique à Bruxelles et au XIIIe Salon des Indépendants. Voyage en Hollande avec Maxime Dethomas et à Londres. Il séjourne fréquemment chez Misia et Thadée Natanson dans l’Yonne avec Pierre Bonnard et Édouard Vuillard, dont le journal témoigne des fréquentes crises de Lautrec dues à l’alcool.
1898 — Lautrec, qui ne réduit en rien sa consommation d’alcool, grands crus comme spiritueux communs, se rend souvent au Bar Anglais et au Café Weber, rue Royale. Maurice Joyant organise une exposition à la Goupil Gallery de Londres. Mais, pas plus que Manet et Degas, Lautrec ne «convient» au public et aux critiques d’outre-Manche. Lautrec est très affecté par la disparition de Stéphane Mallarmé et de Jean de Tinan.
1899 — La comtesse Adèle est informée de l’état assez alarmant de son fils: irritabilité croissante, pertes de mémoire, actes incontrôlés, delirium tremens. À la suite d’une crise, Lautrec est interné pour désintoxication en février dans une clinique de Neuilly. Il y réalise de mémoire une série de 39 dessins sur le cirque. On finit par le libérer en mai… Accompagné d’un parent, il séjourne au Crotoy avec Joyant et fait le portrait de l’Anglaise du Star, un bar havrais mal famé. Il séjourne ensuite à Taussat (Gironde) avec Paul Viaud, puis à Malromé.
1900 — La correspondance des premiers mois de l’année fait apparaître son besoin de théâtre et sa gêne financière. Ses lithographies sont présentées à l’Exposition universelle. Nouveaux séjours en Normandie, où il tente de revoir l’Anglaise du Star, et dans le Bordelais. Il passe l’hiver avec Paul Viaud à Bordeaux, où il loue un appartement et un atelier. Sous l’inspiration des spectacles du Grand Théâtre de la ville, La Belle Hélène d’Offenbach et la Messaline d’Isidore De Lara, il réalise une ultime série de chefs-d’oeuvre. Il expose à Bordeaux, à l’invitation de la Société d’art moderne.
1901 — Rentré à Paris fin avril, il range son atelier, détruit certaines peintures, en signe d’autres et quitte Paris, à la mi-juillet, pour Taussat. Victime d’une hémorragie cérébrale, il est conduit chez sa mère au château de Malromé. Il meurt le 9 septembre : il n’a pas 37 ans.