Valadon Utrillo à la Pinacothèque de Paris

Au tournant du siècle à Montmartre, Valadon Utrillo, de l’Impressionnisme à l’École de Paris.

du 6 mars au 15 septembre 2009

Cent vingt cinq oeuvres sont ici présentées, plus deux palettes de Maurice Utrillo.

On y raconte les destins parallèles et forcément croisés de Maurice Utrillo et de sa mère Suzanne Valadon.

Suzanne Valadon, née Marie-Clémentine Valadon, donne naissance à Maurice à l’âge de 18 ans. Le père n’est pas connu.

Suzanne Valadon et Maurice Utrillo enfant

Un amant de Suzanne, Miguel Utrillo y Molins donnera son nom au petit Maurice qu’il ne rencontrera jamais.

Suzanne, après une enfance difficile, devient trapéziste mais doit abandonner suite à un accident. Elle aide donc sa mère, blanchisseuse, à porter le linge chez ses clients. Un de ceux-ci s’appelle Puvis de Chavannes et c’est de cette façon qu’elle fait son entrée dans le milieu de la peinture.

Elle devient donc modèle pour Puvis de Chavannes, puis Renoir (elle pose pour lui dans « la danse à la ville » et « le déjeuner des canotiers »), et Degas. Ce dernier l’encourage à peindre et lui achète même des dessins.

Elle pose aussi pour Toulouse Lautrec.

Son fils, Maurice Utrillo, a connu une enfance solitaire et malheureuse.

C’est essentiellement sa mère Suzanne Valadon qui lui a appris à peindre.

Son beau père, Paul Mousis, riche et sévère, dont Suzanne finira par divorcer, le fera interner.

Puis, son meilleur ami, André Utter, épousera finalement Suzanne Valadon devenant ainsi son beau-père.

L’alcool devient vite son compagnon.

Mais Maurice Utrillo est avant tout un poète qui s’exprime avec sa peinture.

Avant 1910

Il peint une remarquable « Porte Saint-Martin » en 1908 (elle est placée en début d’exposition). Avec une étonnante économie dans les couleurs (sa mère, à ses débuts, l’obligeait paraît-il, à ne peindre qu’avec du vermillon, de la laque de garance, du jaune de chrome et du blanc de zinc et peut-être un peu de bleu ou de noir quand même !).

« L’église de Villiers le Bel » est également une oeuvre splendide, de 1908, avec une extraordinaire économie de couleurs, très rompues.

Utrillo peignait aussi souvent d’après des cartes postales, que lui envoyait sa mère (de Corse notamment).

1910-1916 : la période blanche

On nous dit que c’est à cette époque que Maurice Utrillo donne le meilleur de lui même en tant qu’artiste, même s’il hante les bistrots de Montmartre, allant jusqu’à échanger une toile contre un litre de vin.

Rue des Abbesses à Montmartre
Maurice Utrillo, vers 1912 Huile sur toile, 46 x 64,5 cm Kunstmuseum Bern, Legat Georges F Keller 1981. © Jean Fabris © Adagp, Paris 2009

Mais il ne faut pas trop insister sur le côté « alcoolique » d’Utrillo qui reste d’abord et avant tout un grand artiste tourmenté par la vie, hébété comme un oiseau blessé dans un monde qu’il ne comprend pas. Il est resté, au fond, toute sa vie, un enfant. Interné plusieurs fois, il disait toujours « je ne suis pas un fou, je suis un alcoolique », montrant ainsi qu’il avait parfaitement compris la nature de son mal. On pense souvent à Van-Gogh…

Il peint des chefs-d’oeuvre, se servant de plâtre et de fientes de pigeon qu’il mélange à sa peinture.

Une magnifique « Place des Abesses », peinte sur un fond rouge qui fait flamboyer la toile et dans laquelle les jeux d’ombre et de lumière sont d’une remarquable subtilité :

Place des Abbesses
Maurice Utrillo, vers 1910 Huile sur toile, 46 x 38,4 cm Collection privée, New York. © Jean Fabris © Adagp, Paris 2009

Après 1917

Ce serait, d’après le musée, la décadence de l’artiste. Ils se sont d’ailleurs refusés à exposer les toiles d’après 1917…

À partir de cette période, Suzanne Valadon prend le relais de Maurice, sur le plan de la production artistique.

Elle qui ne peignait que peu de toiles, se met à devenir prolifique (le musée parle de « chassés-croisés » entre le fils et sa mère…

Elle peint de belles natures mortes :

Fleurs dans une cafetière Empire
Suzanne Valadon, 1920 Huile sur toile, 61 x 50 cm Collection Paul Dini, Lyon. © Jean Fabris

des nus intéressants, des paysages colorés dont certains font penser à Cézanne, des autoportraits dont celui, sans concession, ci-dessous :

Autoportrait
Suzanne Valadon, 1927 Huile sur carton, 62 x 50cm Musée Maurice Utrillo, Sannois, dépôt collection Pétridès, Paris. © Jean Fabris

Mais Suzanne Valadon tombe aussi dans la déchéance et l’alcool et meurt en 1938.

Maurice ne va pas à son enterrement, mais il est évidemment bouleversé et devient immédiatement croyant.

Entre temps, il avait épousé en 1935 Lucie Valore, de cinq ans son aînée et qui joua un peu le rôle de mère pour lui.

Il meurt en 1955 à Dax, alors qu’il était en cure.

Maurice Utrillo laisse une très belle oeuvre. Il y a malheureusement beaucoup de faux.

Il a peint des chefs-d’oeuvre et des toiles de moindre qualité, il s’est répété certes, mais quel est le peintre qui ne le fait pas ?

Quoi qu’il en soit, c’est une magnifique exposition à laquelle nous convie la pinacothèque et si vous avez l’occasion de passer par Paris, allez y. Vous avez jusqu’au 15 septembre 2009.

La Pinacothèque de Paris

A lire l’excellent roman de Michel Peyramaure intitulé « Suzanne Valadon » Tome 1 : Les Escaliers De Montmartre et Tome 2 : Le Temps des ivresses

le 6 mars 2009
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