Vlaminck, un instinct Fauve

du 20 février – 20 juillet 2008 au Musée du Luxembourg à Paris

Les ramasseurs de pommes de terre, 1905 Kunststiftung Merzbacher
© Droits réservés © ADAGP

Force de la nature, sportif aguerri (il pratique le cyclisme et l’aviron en quasi professionnel) une sorte de colosse, il aime à donner une image frustre de lui même, alors qu’il est en fait assez cultivé, Maurice de Vlaminck commencera à peindre à l’âge de 17 ans.

A 20 ans il est déjà marié et père de famille.

Fils d’un violoniste et d’une pianiste, il lui arriva même de donner des cours de violon… Il fallait bien faire bouillir la marmite !

Il écrivit aussi quelques romans « alimentaires » !

Pendant plusieurs années, la peinture ne pût le faire vivre, jusqu’au jour où Vollard, le célèbre marchand, le distingua et acheta l’ensemble de son œuvre pour 1200 francs, en 1906. Ce qui le sorti de la misère dans laquelle il était et le mit sur les rails du succès.

Il est mort à 82 ans après avoir connu la gloire et l’argent (lui qui se revendiquait comme anarchiste convaincu !).

L’Exposition

Maurice de Vlaminck, né en 1876, est décédé en 1958.

Dans ces conditions, on se demande pourquoi l’exposition, par ailleurs magnifique, ne montre pas de toiles au delà de 1915.

Peut être est-ce en raison du parti pris du « fauvisme » très centré sur 1905, 1906 ? Mais alors pourquoi montrer des toiles qui n’ont plus rien de « fauves » ?

Je dois dire que cet « arrêt » artificiel m’a un peu frustré.

Quoiqu’il en soit, on voit du Vlaminck et c’est splendide.

On peut voir à cette exposition quelques toiles du Vlaminck pré fauviste avec notamment « sur le zinc » et « les bords de la Seine à Nanterre ». On passera ensuite au Vlaminck fauve avec, entre autres, les toiles ci-dessous.

Ici était une photo de tableau, retirée à la fin de l’exposition (droits d’auteur).

Ici était une photo de tableau, retirée à la fin de l’exposition (droits d’auteur).

Ici était une photo de tableau, retirée à la fin de l’exposition (droits d’auteur).

Le pesage ci-dessous, une très belle toile, même si le fauvisme y est sans doute moins évident :

Ici était une photo de tableau, retirée à la fin de l’exposition (droits d’auteur).

Et les merveilleux « ramasseurs de pommes de terre », double hommage à Van Gogh, à la fois par la touche et par le titre (voir le logo) !

Ici était une photo de tableau, retirée à la fin de l’exposition (droits d’auteur).

On peut dire que le « fauvisme » fut inventé par Vlaminck et son inséparable ami Derain (ainsi que par Matisse d’ailleurs), dans une espèce de délire qui leur permit d’aller jusqu’au bout des possibilités de la couleur, presque plus loin que Van Gogh que Vlaminck admirait profondément.

Il est d’ailleurs curieux de constater que dans les définitions que l’on trouve du fauvisme, il soit rarement fait allusion à quelque chose qui devrait sauter aux yeux : la prédominance de la couleur orange et de sa complémentaire, la couleur bleue. Mais ceci n’est qu’une remarque faite en passant. Revenons donc à Vlaminck.

Mais très vite, après sa période fauve, Vlaminck revient aux tons plus rompus :

Ici était une photo de tableau, retirée à la fin de l’exposition (droits d’auteur).

Puis fasciné aussi par Cézanne, il en essaye le style.

D’ailleurs, Vlaminck passe sa vie à « faire des essais », autrement dit il essaye de nombreux styles différents.

Ici était une photo de tableau, retirée à la fin de l’exposition (droits d’auteur).

On peut même voir une approche cubiste (bien que détestant Picasso auquel il reproche au fond son opportunisme), dans certaines toiles dont celles ci :

Ici était une photo de tableau, retirée à la fin de l’exposition (droits d’auteur).

et dans certaines natures mortes, Cézanno-cubistes :

Ici était une photo de tableau, retirée à la fin de l’exposition (droits d’auteur).

C’est une belle exposition, une occasion à ne pas manquer de voir réunies toutes ces toiles, si vous passez par Paris. Vous avez jusqu’au 20 Juillet 2008.


Ci-dessous, quelques extraits de « Portraits avant décès » (1) permettant de découvrir l’opinion de Maurice de Vlaminck sur différents sujets :

sur le cubisme (p. 109) :

Vers la mi-juin 1914, j’étais entré, rue de la Boétie, dans une galerie d’art moderne. Au dessus du bureau de Monsieur Paul Guillaume, une dernière élucubration cubiste fascinait quelques esthètes qui la commentait sur un ton d’initiés ou de catéchumènes… (…) je ne vis plus de barrière à la sottise humaine (…) Tout, désormais, était possible. J’entrevis la Guerre…

sur les écoles (p. 118) :

L’instinct et le Don sont les deux seuls facteurs sur lesquels il soit permis à un artiste de compter, les seuls sur lesquels il doive s’appuyer. Il n’y a pas d’École, il n’y a que des Peintres.

sur le dessin chez l’enfant (p.120)

Un dessin d’enfant peut être plus riche de sensibilité que la composition d’un Prix de Rome. Son interprétation visuelle des choses peut exprimer plus de pénétration.

sur l’interprétation des oeuvres (p. 177) :

On ne peint pas avec des mots ! On n’écrit pas avec des sons ! On ne fait pas de la musique avec les couleurs !

Dès qu’on peut expliquer, faire comprendre, faire sentir avec des mots une peinture, c’est que ce n’est pas de la peinture.

La peinture, c’est comme la cuisine. Cela ne s’explique pas, ça se goûte !

sur le sujet (p. 181) :

La qualité de son sujet, le peintre la possède en lui-même. C’est en lui et pour lui seul, que l’image visuelle, que l’objet extérieur peuvent subir leur communication suprême : but éternel de la création artistique.

(1)« Portraits avant décès » de Maurice de Vlaminck aux Editions Flammarion (1943)est un livre remarquable, dans lequel il évoque ses souvenirs et ses théories sur la peinture.
le 26 février 2008
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