Musée Cantini, Marseille du 6 octobre 2009 au 3 janvier 2010.
Quand on va voir une exposition le dernier jour, et qu’en plus cette exposition a eu une malheureuse publicité les derniers jours à cause du vol d’un précieux tableau de Degas, il faut s’attendre à faire la queue. C’était le cas ce dimanche 3 janvier 2010 devant cet hôtel particulier du 17ème siècle offert à la ville par le célèbre marbrier Jules Cantini en 1916.
Rien à regretter cependant, et cette exposition, si vous l’avez ratée, est à poursuivre absolument jusqu’à Rovereto (Italie) du 6 février au 23 mai ou à Toronto (Canada) du 19 juin au 30 août 2010.
Le titre aurait pu en être : « De la scène au tableau à la scène » tellement le va-et-vient est évident et la démonstration claire. Près de 200 oeuvres participent à cette démonstration et pour ne citer que quelques peintres :
David, Füssli, Klimt, Moreau, Lautrec, Degas, Vuillard, Daumier, Degas, Toulouse-Lautrec, Hayez, Cabanel, Black, Delaroche, Delacroix, Chassériau, Seurat…
L’histoire se déroule en 4 actes et sur 3 étages :
Acte I : Le Néoclassicisme
Acte II : Epoque romantique
Acte III : Epoque « réaliste »
Acte IV : Vers l’abstraction du jeu scènique
Nous sommes accueillis dès l’entrée par un « Serment des Horaces » plus petit que celui du Louvre exécuté par Girodet avec l’autorisation de David. Mais mes oeuvres préférées sont allées vers les tableaux inspirés par Shakespeare, sans doute très dramatiques, sans doute exagérés, mais la peinture comme le théâtre ne doivent-ils représenter que la réalité dans toute sa sècheresse ?
Les enfants d’Edouard de Paul Delaroche :
Caterina Cornaro recevant l’annonce de sa destitution de reine de Chypre de Francesco Hayez :
Caterina de Cabanel :
Une impressionnante représentation de l’actrice Ellen Terry en Lady Macbeth par John Singer Sargent : très grand tableau, l’actrice porte un costume fait de touches courtes et fortes à la fois, son visage et ses bras sont lumineux, le regard lui, est illuminé, au milieu d’un camaïeu vert-bleu. A frissonner…
Détail sur le visage :
L’époque réaliste présente le théâtre vu par les artistes sous un autre angle : celui des coulisses et des indiscrétions. Avec une belle série de Daumier.
L’orchestre de l’Opéra de Degas :
Il y avait ce petit dessin (dont j’ai oublié l’auteur -Daumier ou Degas ?) qui représentait un orchestre endormi pendant que la tragédie se déclamait sur la scène !
Une surprise aussi, un Klimt inhabituel intitulé « Le comédien Josef Lewinsky dans le rôle de Carlos », petite huile sur toile avec un portrait réaliste entouré de deux bandes de décors très sobres dont l’une présente des figures fantomatiques en filigrane :
Beaucoup de Vuillard que je n’ai sans doute pas su apprécier, (tout comme les Moreau dont j’ai trouvé les couleurs « éteintes » et assez mal conservées) ; un étonnant petit Seurat au crayon : « scène de théâtre, la répétition » :
Peu de transition pour arriver à Appia et Craig qui donnent leur modernité aux décors extrêmement dépouillés.
Une exposition qui doit se préparer avant visite. Mais, si elle manque certainement d’explications, est une réussite esthétique.
le 3 janvier 2010