Exposition Van Gogh-Monticelli à la Vieille Charité à Marseille

Du 16 septembre 2008 au 11 janvier 2009

– Centre de la vieille charité 2 rue de la Charité – 13002 Marseille

C’est dans cet environnement architectural (destiné primitivement à accueillir les gueux) de Pierre Puget, architecte du Roi et enfant du quartier, qu’a lieu pour la première fois cette réunion des deux artistes Van Gogh (1853-1890) et Monticelli (1824-1886).

Quelques précisions sont à connaître avant d’entamer la visite :

-  Van Gogh, s’il admirait le vieux maître ne l’a jamais rencontré. Dans son voyage vers Marseille, il s’est arrêté à Arles.

-  Il admirait autant sa peinture que le personnage lui-même et son destin de peintre maudit.

-  L’exposition n’a pas pour but de comparer les deux peintres, mais de voir à quel point l’un a pu influencer l’autre.

-  Les dix-huit oeuvres de Van Gogh sont mêlées aux trente-cinq de Monticelli suivant les thèmes.

-  C’est aussi une exposition pour la réhabilitation de Monticelli que peu (à part les marseillais) connaissent, mais qui a eu son heure de gloire sans jamais atteindre la renommée de celui qu’il inspira.

Dès l’ouverture des grilles, la foule s’engouffre ; beaucoup de monde et pourtant il est onze heures du matin.

Tant mieux, l’attente permet d’observer l’architecture la belle construction toute rénovée de la Vieille Charité…

Centre de la vieille charité


La visite se fait en deux salles :

-  une toute petite (la régulation de la foule est effectuée par du personnel dédié) qui sert de préambule.

-  une grande salle où les oeuvres sont abordées par thème.

La première salle présente côte-à-côte deux autoportraits des deux peintres séparés par environs sept années. On voit là vraiment leurs différences : touches courtes et nerveuses, ordonnées, couleurs audacieuses pour Van Gogh, touches plus larges, plus aléatoires, couleurs plus sombres pour Monticelli. Beaucoup d’empâtements dans les deux cas.

Autoportrait
Vincent van Gogh Paris, musée d’Orsay Photo Rmn – © Hervé Lewandowski Huile sur toile 65×54 cm

Autoportrait
Vincent van Gogh Paris, musée d’Orsay Photo Rmn – © Hervé Lewandowski Huile sur toile 65×54 cm

Autoportrait
Adolphe Monticelli Collection particulière © Jean Bernard Huile sur bois 35×34 cm

On peut y voir aussi des tableaux de Delacroix (qu’admirait Monticelli) et un très beau sous-bois de Diaz.

Dans la grande salle les oeuvres sont classées par thème. On y retrouve :

Les fleurs :

Les fleurs, avec de grandes gerbes ou des bouquets ronds de Monticelli, et l’on comprend pourquoi van Gogh enviait la variété des tons.

Fleurs
Adolphe Monticelli Collection particulière © DR Huile sur bois 39,4×62,8 cm

Si Van Gogh a retenu cette variété pour ses bouquets (voir en particulier le « Vase avec glaïeuls rouges et oeillets blancs » de Van Gogh),

Vase avec glaïeuls rouges et des œillets blancs
Vincent van Gogh Rotterdam, Musée Boijmans Van Beuningen © Musée Boijmans Van Beuningen – Rotterdam 2008 Huile sur toile 65,5×35 cm

là encore la touche est vive, ordonnée, les points succèdent aux traits, faisant vibrer les couleurs :

Fritillaires couronne impériale dans un vase de cuivre
Vincent van Gogh Paris, musée d’Orsay Photo Rmn – © Hervé Lewandowski Huile sur toile 73 x 60,5 cm

Les portraits :

Pour les deux peintres, on voit très bien la rupture avec le portrait traditionnel, donnant tous deux à leurs portraits un supplément d’âme.

L’Arlésienne
Adolphe Monticelli Collection particulière © Jean Bernard Huile sur bois 72×55 cm

Les natures mortes et les marines :

On peut naviguer entre les « Poissons » de Monticelli et les « Harengs » de Van Gogh, on voit bien que Van Gogh, inspiré par les premiers en utilisant une peinture extrêmement « grasse », radicalise et dramatise le dessin et la composition :

Nature morte au citron oursin et vase
Adolphe Monticelli Collection particulière © Jean Bernard Huile sur bois 45,5 x59 cm

Nature morte aux harengs
Vincent van Gogh Otterlo, Kröller-Müller Museum ©Coll. Kröller-Müller Museum, Otterlo Huile sur toile

Les marines de Monticelli m’ont semblées sombres, brunes, en ombre et lumière (« La roche percée » par exemple) :

La Roche percée
Adolphe Monticelli vers 1881-1882 Huile sur bois, 37 x 48 cm

Les paysages :

Prédominance du nombre de tableaux de Monticelli, en particulier un très bel « Automne 1872 », des touches épaisses et rugueuses des bruns, des ocres… Des arbres, des sous-bois des deux peintres… Deux belles compositions, « La Charette de foin » et « les Roulottes » :

Les roulottes
Vincent van Gogh Paris, musée d’Orsay Photo Rmn – © Hervé Lewandowski Huile sur toile 45×51 cm

où l’on voit bien que Van Gogh ne cherchait pas à imiter, qu’il avait son propre chemin, une vision autonome des choses. Cette remarque vaut aussi pour deux sous-bois : « les chênes à Saint-Zacharie » de Monticelli et « Sous-bois » de Van Gogh.

Les chênes à Saint-Zacharie
Adolphe Monticelli Collection particulière © Jean Bernard Huile sur bois 37×48 cm

Sous bois
Vincent van Gogh Utrecht, Central Museum © Centraal Museum, Utrecht / Ernst Moritz Huile sur toile 32 x 46 cm

Pour conclure cette phrase de Van Gogh adressée à son frère Théo :

Quand mon ami Gauguin sera ici et lorsque nous irons à Marseille, ma ferme intention est d’aller me promener sur la Canebière, habillé exactement comme Monticelli dans le portrait que j’ai vu de lui, avec un énorme chapeau jaune, une jaquette de velours noirs, des pantalons blancs, une canne de bambou et un grand air méridional…

Champ-de-blé-avec-vue-d’Arles(Les Moissonneurs)
Vincent van Gogh Paris, musée Rodin © Paris, musée Rodin / Photo Jean de Calan Huile sur toile

Muriel Marhic

le 16 septembre 2008
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