Picasso et les maîtres au Grand Palais

du 8 octobre 2008 au 2 février 2009

Exposition grandiose mais paradoxalement intimiste au Grand Palais à Paris jusqu’au 2 février 2009, qui permettra sans doute, entre autre, de mieux comprendre la démarche de Picasso.

Avec plus de 200 oeuvres (dont une majorité de Picasso), la Rmn nous donne une occasion unique de les voir réunies (elles sont dispersées un peu partout dans le monde et pas uniquement au musée Picasso !).

La réinterprétation picassienne

Cette exposition est plus qu’une simple comparaison entre des oeuvres de Picasso et des maîtres anciens ; elle permet plutôt de voir comment, à partir des modèles originaux des maîtres (Velasquez, Poussin, Rembrandt, Le Gréco, Goya, etc.), Picasso les réinterprète avec une nouvelle forme de peinture, totalement inventée par lui.

D’ailleurs, ce qui est intéressant, ce n’est pas de comparer Picasso aux « maîtres », mais bien plutôt de comparer Picasso à lui-même et de montrer comment, s’inspirant des grands thèmes de la peinture, il a évolué vers un style totalement différent, réinventant les règles et les canons de l’art.

Ici était une photo de tableau, retiré à la fin de l’exposition (droits d’auteur).

Nous voyons d’ailleurs, sur un des murs de l’expo, la phrase suivante :

L’enseignement académique de la beauté est faux (…).. Les beautés du Parthénon,, les Vénus (…) sont autant de mensonges. L’art n’est pas l’application d’un canon de beauté, mais ce que l’instinct et le cerveau peuvent concevoir indépendamment de ces canons de beauté. [1]

Ici était une photo de tableau, retiré à la fin de l’exposition (droits d’auteur).

Ne pas manquer :

Parmi les tableaux et dessins, il serait dommage de manquer ceux qui suivent :

Quelques études remarquables dont certaines réalisées à l’âge de 13 ans ! Une vigueur et une maturité étonnantes…

Un étonnant petit portrait de Philippe V d’après Velasquez, réalisé à l’âge de 17 ans. Plus qu’une copie, Picasso a su capter l’esprit, le style même du maître.

« El bobo » (le niais, l’idiot) représentant une sorte de sdf assis par terre, une bouteille à la main, se faisant frire des oeuf à la poêle. Visible

On pense au « Mat » du Tarot.

 

 

-  « Chat et homard » (l’introduction du chat (bien vivant) dans une nature morte de crustacés et de poissons est amusante car on devine les intentions de chat !) et « tête de mort à la cruche », faisant preuve de beaucoup d’humour aussi, par l’absurdité même de la mise en commun de ces deux éléments !

-  deux « buveuses d’absinthe » qui valent le détour, notamment par l’émotion qui s’en dégage.

-  Olga (1923 Picasso a 42 ans) visible ici et qui montre combien Picasso était peu esclave d’un style.

Picasso a d’ailleurs dit :

Dans le fond, je suis peut-être un peintre sans style… Le style, c’est souvent ce qui enferme le peintre dans une même vision, une même technique, une même formule pendant des années et des années. On le reconnaît à coup sûr, mais c’est toujours le même habit, la même coupe d’habit..

La liberté d’un enfant

Picasso faisait ce qu’il avait envie de faire, sans aucune limite, avec la liberté d’un enfant et le pouvoir d’un adulte de génie.

–  Humour encore avec « les demoiselles en bord de Seine » d’après Courbet (c’est le « d’après Courbet » qui est drôle puisqu’il s’agit là d’une toile totalement abstraite, mais très structurée, très colorée, labyrinthique !

–  Humour toujours avec la déclinaison des « Ménines » de Velasquez et de « l’enlèvement des Sabines » de Poussin sous tous les formats, tous les angles, revus et corrigés par maître Picasso !

Un conseil pour finir  : prévoyez une marge de temps assez large car les files d’attente sont parfois importantes.

 

 

Quelques phrases de Picasso éclairant sa démarche

– Il n’y a pas d’art figuratif et non figuratif. Toutes choses nous apparaissent sous forme de figures.

– La peinture est plus forte que moi ; elle me fait faire ce qu’elle veut.

– Ce qui compte, c’est la spontanéité, l’impulsion. Voilà la vérité vraie.

– Pour moi, chaque tableau est une étude.

– Terminer une œuvre, achever un tableau ? Quelle bêtise ! Terminer veut dire en finir avec un objet, le tuer, lui enlever son âme…

– La peinture a une valeur intrinsèque, indépendamment de la représentation réelle des objets.

– L’accidentel révèle l’homme.

– J’ai horreur de me copier, mais je n’hésite pas, lorsqu’on me montre un carton de dessins anciens, à y prendre tout ce que je veux.

(Extraits de Christian Servoz, « Conversations avec Picasso » Cahiers d’art, 1935.)

 

En association à cette exposition, le Louvre et Orsay présentent aussi des oeuvres de Picasso ***

 

*** Communiqué du musée du Louvre : À l’occasion de la grande exposition « Picasso et les maîtres » qui se tient aux Galeries nationales du Grand Palais, le musée du Louvre présente une vingtaine des variations picturales et graphiques réalisées par Picasso en 1954-1955 d’après le chef-d’oeuvre de Delacroix, Femmes d’Alger dans leur appartement (1834). De son côté, le musée d’Orsay propose les variations d’après le Déjeuner sur l’herbe de Manet.

le 14 octobre 2008
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