Face à l’impressionnisme : Jean-Jacques Henner le dernier des romantiques

Le musée de la Vie romantique et le musée national Jean-Jacques Henner se sont associés pour présenter une sélection des chefs-d’oeuvre du plus singulier des peintres de la deuxième moitié du XIXème siècle, Jean-Jacques Henner (1829-1905). Exposition du 26 juin 2007 au 13 janvier 2008.

Le Bénézit nous dit :

« Jean-Jacques Henner (1829-1905), Prix de Rome en 1868, Chevalier de la Légion d’Honneur en 1873, officier en 1878 etc… Henner, comblé d’honneurs, jouissait, parmi les artistes, d’une grande considération. »

Mais malgré ces « honneurs », Henner est maintenant tombé dans l’oubli (il ne figure que dans très peu de dictionnaires de peinture, le Bénézit étant une exception).

Et pourtant « face aux impressionnistes » et partant d’une peinture très classique pour le XIXème siècle, avec les scènes obligatoires de la bible, de la mythologie, etc., il sut peu à peu dévier vers un style qui lui était propre, réalisant des nus vaporeux, des oeuvres non finies (volontairement), tout en admirant les impressionnistes (comme Monet) et les post-impressionnistes (comme Cézanne) qu’il connaissait tous et qui le connaissaient.

Il les admirait mais ne le devint jamais (contrairement à Degas ou plus encore Manet).

Il resta solitaire, poursuivant inlassablement son oeuvre vers une impasse, car personne ne l’a suivi, ce qui le rend d’autant plus intéressant.

On ne peut pas dire qu’il fut un précurseur, mais plutôt un inventeur au sens plein du terme, un inventeur qui n’eut pas le temps de terminer sa recherche.

Et c’est donc des oeuvres de ce grand peintre oublié que le Musée de la Vie Romantique nous invite à découvrir aujourd’hui, dans son cadre magnifique et ce jusqu’au 13 Janvier 2008 (en attendant la réouverture prochaine du musée Jean-Jacques Henner) !

A part les toiles « classiques » (bible, etc.), nous verrons ici des toiles assez remarquables, et notamment quelques petites natures mortes (dont « Nature morte à la pomme à la poire et aux pêches » dans laquelle il utilise le « sfumato » cher à Léonard de Vinci et qui donne une sensation de relief impressionnante).

Un remarquable autoportrait, dont on voit ici la réplique, l’autre ayant été commandé par le musée des Offices de Florence.

Autoportrait, après 1877
Huile sur toile, 46,4 x 38,5 cm Musée Jean-Jacques Henner © RMN, photo Franck Raux.

 

Un saisissant « Jésus au tombeau, 1879 », extraordinaire par l’absence presque totale de couleurs.

On verra aussi certains de ses croquis préparatoires, car il s’exerçait beaucoup avant même de commencer le tableau

Plus loin, « la femme au parapluie », personnage assez étrange, malgré des apparences « bourgeoises »

La Femme au parapluie, 1874
Huile sur toile, 144,3 x 82,3 cm Musée Jean-Jacques Henner © RMN, photo Franck Raux.

 

Une assez curieuse « Hérodiade » portant la tête de Saint-Jean dans un plateau, esquisse peinte, préparatoire à un tableau aujourd’hui disparu.

Hérodiade, vers 1880-90
Huile sur toile, 94 x 68,5 cm Musée Jean-Jacques Henner © RMN, photo Franck Raux

 

Et « Rêverie », la dernière oeuvre de Jean-Jacques Henner., dans laquelle on retrouve les deux couleurs principales chez lui, à savoir le bleu (avec toute sa gamme) et le roux, autrement dit l’ocre rouge, sans doute mélangé à l’ocre jaune et bien sûr, le corps nacré avec son sfumato à la Léonard de Vinci.

Quelques citations importantes de Jean-Jacques Henner :

–  Que m’importe le sujet dans un tableau… Où est le sujet ? On n’en sait rien.
–  Ce qu’il y a de plus intéressant, c’est justement l’interprétation, la recherche, le pas fini
–  Je dessine depuis un mois et ne veux peindre que quand je serai tout à fait sûr de ce que j’ai à faire.

Très intéressante exposition, à voir au Musée de la Vie Romantique, jusqu’au 13 Janvier 2008.

Musée de la Vie Romantique : Hôtel Scheffer-Renan 16 rue Chaptal – 75009 Paris

tél. : 01 55 31 95 67

le 31 juillet 2007

 

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