du 17 Mars au 21 Août 2011
La Pinacothèque de Paris nous propose une belle et émouvante exposition de plus de 150 aquarelles d’Hugo Pratt (1927-1995), ainsi que des planches historiques, notamment la totalité des cent soixante-quatre planches de « la Ballade de la mer salée ».
L’enfance
Né en 1927 à Rimini (Italie), d’un père militaire de carrière dans l’armée italienne, et d’une mère férue d’ésotérisme, c’est à Venise qu’il passe la plus grande partie de son enfance.
A 14 ans, il est enrôlé dans la police coloniale italienne en Abyssinie (Ethiopie), grâce à son père. Il se remplira la tête des couleurs de l’Afrique et des uniformes bariolés des soldats.
L’aventurier
Hugo Pratt s’est enrôlé dans les armées de plusieurs pays différents.
Il voyagera toute sa vie dans tous les pays du monde et connaîtra des aventures extraordinaires, à tel point qu’il mélangera souvent la réalité et la fiction (« Les mensonges sont plus crédibles quand ils sont énormes et détaillés. » ! Il sera même enrôlé dans l’armée allemande pendant la guerre, s’échappera au bout de 18 jours et ira rejoindre les forces alliées.
Sa vie sentimentale est très active également et les rencontres succèdent aux rencontres. Il ne se mariera que deux fois mais aura de nombreux enfants.
C’est la raison pour laquelle, à Salvador de Bahia, on peut aujourd’hui rencontrer un Lincoln Pratt, un Wilson Pratt ou même un Washington Pratt…
Culture littéraire
Hugo Pratt lit énormément et a une grande culture littéraire même s’il est assez éclectique dans ses choix, passant de Shakespeare à la Bible et de la Bible à Hemingway !
|
Quelques citations d’Hugo Pratt
« Le matériel que j’utilise dépend de ce que je veux faire, de l’impression que je veux donner. Le feutre par exemple est pour un dessin rapide. Il faut aussi faire attention au papier. Pour le feutre, il ne faut pas un papier qui absorbe trop d’alcool car alors, les traits s’épaississent. L’encre de chine présente l’inconvénient de sécher sur les plumes, d’y faire des croutes, il faut sans cesse les nettoyer. Pour les pinceaux, j’aime bien les Winsor & Newton en poils de martre, ils sont élastiques et reprennent toujours leur forme primitive, avec ceux qui sont fins, vous pouvez arriver à un trait souple. »
« La postérité ne me préoccupe pas,(…) si mon œuvre peut aider certains ou leur donner des points de départ pour leurs propres œuvres, si mes albums entrent dans les bibliothèques, ce sera bien, même s’ils sont couverts de poussière ou de toiles d’araignées, ou même si une souris les mange, j’aurais au moins été utile à une souris… Quand un livre est lu, son auteur revit dans le lecteur, c’est une sorte de réincarnation. »
« J’aime l’aquarelle dans ce qu’elle a d’immédiat. Dans une aquarelle, il faut être spontané et réussir tout de suite. On ne peut rien corriger. »
|
Un travailleur infatigable
Pendant tous ses périples, il trouve le temps de dessiner et la BD nécessite un travail de forçat. Il est à la fois écrivain, poète, metteur en scène, scénariste, dessinateur, aquarelliste !
Le dessin
Ses dessins sont assez curieux, car il n’utilise que le blanc et le noir, il n’y a pas de gris, pas de valeurs intermédiaires, il n’y a que l’ombre absolue et la lumière absolue, sans nuance, un parti pris qui leur donne une puissance et une force incomparables.
Bien sûr, quand il mettait la couleur, c’est alors que les valeurs apparaissaient.
L’aquarelle, le poète
Dans les années 1959-1960, il perfectionne sa technique de l’aquarelle en suivant des cours à la Royal Academy of Watercolour à Londres.
C’est assez amusant d’ailleurs de voir Hugo Pratt, ce personnage viril et fort, se colleter à la technique délicate et presque fragile de l’aquarelle (voir la vidéo ci-dessous).
On se demande où il trouve la douceur et la poésie nécessaires.
Il dit quelque part :
« Une aquarelle n’est pas une histoire, c’est la traduction d’une sensation, d’un souvenir, d’un état d’âme. »
Et les aquarelles présentées ici sont merveilleuses et correspondent totalement à cette définition.
Il n’y a rien à en dire, il n’y a juste qu’à les admirer…
Un grand metteur en scène
La bande dessinée nécessite aussi des qualités de metteur en scène, il dit d’ailleurs quelque part :
« La bande dessinée, c’est comme le cinéma, même si c’est un cinéma de pauvres. »
Et Hugo Pratt est un véritable metteur en scène de talent.
|
Quelques chiffres :
-Plus de 8 millions d’albums vendus
-Vente Artcurial mars 2008 : Aquarelle Corto Maltese par Hugo Pratt vendue 300 830 €
-Vente en duplex Paris-Bruxelles le 20 juin 2010 : Couverture de « Brise de Mer » signée Hugo Pratt qui a remporté le record des ventes avec un prix de 65520 €
|
Vous avez jusqu’au 21 août 2011 pour voir cette belle et intéressante exposition.
le 20 mars 2011
