Ceux m’ayant le plus marqué étant du pinceau de Diego Rivera (peintre mexicain, fiancé de Frida Kahlo). Diego Rivera a peint plusieurs toiles dont les arums (Alcatraces) sont récurrents chez l’artiste. C’est un thème central de son oeuvre. Deux toiles nous présentent des hommes portant des arums.
Le personnage du marchand (El vendedor) chez Diego Rivera est l’allégorie du travail. Ils portent avec difficulté leurs arums immenses (quasiment aussi grands que le porteur). Le panier porté sur le dos est surchargé de ces fleurs, qui, graphiquement, occupent une grande place sur la toile. La représentation des fleurs occupe la première place, puisque, quand elles ne cachent pas le visage du porteur, elle le fait s’abaisser sous son poids.
Ici les fleurs ne sont pas légères, elles font courber l’échine du travailleur. Elles sont si lourdes que le porteur doit attacher son panier sur lui à l’aide d’une attache de tissu. On remarquera avec ces deux autres tableaux, qu’on ne voit toujours pas le visage du marchand, porteur, vendeur de fleurs, celui-ci étant voûté par la pesanteur florale et la difficulté de sa tâche, portant à chaque fois un chapeau, pour se protéger de la chaleur mexicaine.
Le don des fleurs.
Il existe très peu de tableaux selon moi, présentant un homme offrant une ou des fleurs. Les exemples sont plutôt rares. Je ne citerais donc que ceux que j’ai trouvé par ordre chronologique.
Je commencerais tout d’abord par une peinture s’intitulant La diseuse de bonne-aventure. Cette peinture datée du XVIe siècle a été attribuée à Lucas de Leyden. Elle nous présente un jeune homme, ayant retiré son beretta (béret rouge) et se faisant tirer les cartes par une jeune femme. La voyante semble avoir le regard perdu dans le vide. Néanmoins lorsque l’on suit l’oblique de son regard, notre attention se porte sur sa main droite. Elle tient une fleur par le bas de la tige, tandis que le haut est tenu par le jeune-homme à sa droite. Cette fleur par sa tige, permet donc d’unir les deux personnages et de les isoler du reste de la composition (l’assistance en arrière-plan en est presque superflue).
Cette fleur, lorsque l’on agrandit le tableau, semble être un oeillet. Comment l’interpréter ? On pourrait penser au premier abord, que c’est un moyen pour l’homme de payer la femme qui lui lit son avenir. Cependant au vu de ses riches habits et de son collier en or, il semble plutôt riche et avoir assez d’argent pour payer la tireuse de carte. Qui plus est, il ne semble pas être un client, car il ne prête aucune attention au cartes tirées, et son attitude galante (il retire sa coiffe) semble montrer qu’il vient juste d’arriver. Cette fleur qu’il offre semble plus être le symbole d’une proposition amoureuse, un cadeau galant. Le jeune-homme fait la cour à sa diseuse, par le biais de l’oeillet, qui est la promesse d’une union future. Quoiqu’il en soit, esthétiquement cet oeillet est un écho aux fleurs des champs que la diseuse de bonne-aventure porte « en boutonnière » sur son sein gauche.
C’est maintenant une scène de genre que je vais présenter, une peinture domestique montrant un jardinier, pelle en main, offrant une fleur à la maîtresse de maison. Cette toile serait du pinceau des frères Le Nain. Nous n’avons malheureusement que peu d’informations sur ce tableau, on l’a attribué tour-à-tour à Matthieu ou à Louis. Par commodité je dirais donc qu’il est des deux frères. Même la date d’exécution est incertaine. On le date en général entre 1650 et 1655.
On remarquera simplement l’attitude étrange de la femme qui reçoit la fleur, et sa main droite. Sa gestuelle n’est pas naturelle, puisqu’elle ne place pas sa main dans une volonté de prendre la fleur, mais s’apprête seulement à la toucher de l’annulaire, qui au passage est particulièrement long et disproportionné, par rapport au reste de la main. Il a été avancée que la femme serait en fait l’amante du jardinier, d’où son air si surpris et obnubilé par la fleur. Voici au passage, l’interprétation que Françoise Dolto, pédiatre et psychanalyste, a donné sur la style vestimentaire des personnages présents sur la toile :
« Dans Der Gärtner (Le Nain, 1655), les fillettes qui aident à la préparation du repas sont campées comme de véritables femmes, elles portent le même costume que leur mère. Ce sont des « modèles réduits » de leur génitrice. » (Françoise Dolto, La cause des enfants, chapitre I).
Enfin, je terminerai cette partie, en insérant cette peinture montrant Saint-Thibault offrant à Saint- Louis et Marguerite de Provence un lis à onze branches. On remarquera que contrairement aux deux autres tableaux, ce n’est pas qu’une fleur qui est offerte mais plusieurs (on peut voir des roses également), fleurs qui sont données dans un panier avec des fruits.