L’Orientalisme : de Delacroix à Matisse

du 28 mai au 28 août 2011 au Centre de la Vieille Charité à Marseille

Remarquable exposition qu’il nous est donnée de voir à la Vieille Charité à Marseille. Les provinciaux sauront apprécier qu’une exposition majeure arrive chez eux.

Les salles consécutives présentent une chronologie de Delacroix à Matisse où se côtoient sans heurt Vernet, Chassériau, Fromentin, Ingres, Gérôme, Girodet, mais aussi Fischer, Lewis, Alma-Tameda, Müller, Portaels, Sorolla, Simoni, bref, toute l’Europe des orientalistes du 19ème siècle, sans oublier les modernes : Renoir, Matisse, Kandinsky, Klee, Macke…

Ce qui frappe dans l’ensemble, c’est le fantasme, même s’il est tout en retenu chez les modernes.

Pourtant, les peintres faisaient le déplacement dans un souci d’exactitude et pour recueillir une certaine vérité, une certaine forme d’ethnographie. Cependant les milieux orientaux restaient assez fermés, obligeant les peintres à une extrapolation, ce qui semblait leur convenir parfaitement !

On voit par exemple une étonnante orientale peinte par Lewis, avec un teint de lait et la grâce des belles aristocrates fréquentant les salons britanniques.

Quelques scènes de vie comme « Une rue de l’oasis de Chetma » peinte par Bompart semblent se rapprocher d’une certaine vérité.

Une rue de l’Oasis de Chetma
Maurice Bompard (1857-1936) 1890 huile sur toile, 140 x 160 cm Marseille, musée des Beaux-arts © photo Jean Bernard

La peinture d’Histoire est inévitablement représentée grâce à la campagne d’Égypte de Napoléon Bonaparte, elle-même ayant participé à l’engouement pour l’Orientalisme. Elle n’échappe pas à une coloration propagandiste (Guérin, Gros).

Bonaparte pardonnant aux révoltés du Caire
Guérin, Pierre Narcisse 1806. Musée des Beaux-Arts de Caen © Martine Seyve Photography

Beaucoup de chefs-d’oeuvre, mais quelques déceptions aussi : Ingres sans doute mal éclairé qui donne à voir des chairs d’une pâleur morbide, un marocain « simpliste » de Levy-Dhurmer.

Le Marocain
Lucien Lévy-Dhurmer (1865 – 1953)

Dans les bonnes surprises : les bustes expressifs et fins de Cordier, une statuette de Théodore Rivière ,« Salambô », en bronze, ivoire,or et turquoise, un curieux Paul Klee à l’huile et à l’aquarelle sur gaze enduite et marouflée sur carton : « Ville arabe ».

Ville arabe
Paul Klee, 1922 ©Galerie Rosengart, Lucerne

Agréable aussi la découverte du seul peintre orientaliste d’Orient, le turc Osman Hamdi Bey (voir le tableau : « Vieil homme devant des tombeaux d’enfants »).

Enfin, cette aquarelle exceptionnelle et son cadre fantastique : « Beauté de Tanger » de José Tapiro qui a dû laisser pensifs plus d’un aquarelliste !

Beauté de Tanger
Tapiro, ca 1876, aquarelle © The Dahesh Museum of Art

En conclusion, c’est une exposition à voir absolument pour ses maîtres mais aussi pour ses orientalistes moins connus, et pour la vision d’ensemble du phénomène (il ne s’agit pas d’un mouvement, il traverse les catégories picturales du siècle) couvrant l’Europe.

 

Muriel Marhic, artiste-peintre


L’avis de quelques visiteurs :

Salle 1 :

Leurs préférés :

-  Le Temple de Carnac par Korner

-  Les tableaux de campagne

-  Tardieu-Guérin, Joseph contremaître des greniers de Alma-Tadema :

Les moins aimés :

-  Esquisse de chasse aux lions de Delacroix

-  Portrait de Mustapha de Girodet

-  Cléopâtre (fragment) de Chassériau

Salle 2 :

Les plus :

-  Simoun soufflant devant le Sphinx de Fischer

-  Damas de Lear

-  Porte du sérail de Lecomte de Nouy

Les moins :

-  Tête de la grande odalisque d’Ingres

-  Vue de la plaine de Tèbes de Gérôme

-  La Mer Morte de Belly

Salle 3 :

Les plus :

-  Mur des lamentations de Bauerfeind

-  Le rêve de Zo

-  Prière du matin de Deutsch

Les moins :

-  Marocain de Levy Dhurmer (voir ci-dessus)

-  Nubienne de Gleyre

-  Jérusalem de Van Elven

Salle 4 :

Les plus :

-  Rue de l’oasis de Chetma de Bompart

-  Femme fellah puisant de l’eau de Gérôme

-  Barbier nègre à Suez de Bonnat

Les moins :

-  Marche sur une plage marocaine de Brangwyn

-  Porte de la mosquée de Yeni-Djami à Constantinople de Pasini

Salle 5 :

Les plus :

-  Entrée au village de Rousseau

-  Troupes d’esclaves défilant près des portes de la ville de Sorolla y Batista

Les moins :

-  Les Matisse

le 24 juillet 2011
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