Maurice Denis au Musée d’Orsay à Paris

Le Musée d’Orsay nous présente une exposition des oeuvres de Maurice Denis, du 31 octobre 2006 au 21 janvier 2007, avec une centaine de tableaux peints entre 1889 et 1943.

Le Talisman
Paul Sérusier, 1888. huile sur bois 27 x 21.5 cm. Musée d’Orsay, Paris, France

Maurice Denis est né en 1870 à Granville où ses parents s’étaient repliés en raison de l’avance des troupes allemandes.

Il deviendra un brillant élève du Lycée Condorcet où il nouera des amitiés (qui lui serviront par la suite), notamment avec Vuillard et Ker-Xavier Roussel !

Son père l’autorise à prendre des cours de dessin dès l’âge de 13 ans.

En 1888, il entre à l’Académie Julian où il rencontre Bonnard et Sérusier.

Ce dernier revient enthousiasmé, en Octobre 1888, de Pont-Aven où il a peint, sur les conseils de Gauguin « Le Talisman » (sur le couvercle d’une boîte à cigares !) et qui sera à l’origine de la fondation du groupe des Nabis.

Gauguin aurait dit à Sérusier : « Comment voyez-vous cet arbre ? Il est bien vert. Mettez donc du vert, le plus beau de votre palette. Et cette ombre ? Plutôt bleue. Ne craignez donc pas de la peindre aussi bleue que possible ! ».

L’exposition du Musée d’Orsay commence par une série de tableaux d’inspiration religieuse et nettement catholique (« Mystère catholique », « Vendanges mystiques », « Procession Pascale », « Jésus chez Marthe et Marie »).

Il peint ces scènes religieuses dans un cadre généralement contemporain pour montrer sans doute que Jésus est toujours présent à ses yeux.

Il pense aussi que les scènes quotidiennes, faire la cuisine ou autre, sont empreintes de sacré et il introduit le divin dans la vie de tous les jours.

On verra de très beaux paysages, notamment « Paysage breton en jaune » étonnant par ses contrastes très forts et « Sillons sous la neige » plein de charme et qui ressemble à un dessin d’enfant ou plutôt à un dessin d’adulte resté enfant (les maladresses échappées sont particulièrement émouvantes).

Des oeuvres, comme « les arbres verts » sont faites dans des camaïeux de verts très sombres avec des taches roses représentant des personnages qui se rapprochent plus des anges que des humains et, entre les arbres, des nuages très blancs qui contrastent fortement avec les verts, ponctués de taches bleues pour le ciel.

D’autres, sont très colorées et formidablement contrastées, comme le « Paysage breton en jaune », cité plus haut (et logo de cet article) ou « Taches de soleil sur la terrasse ».

Il utilise aussi beaucoup les camaïeux, des tableaux avec très peu de couleurs différentes, mais tout une variation dans les verts et les violets par exemple, ou dans les jaunes pour « L’échelle dans le feuillage » ci-dessous :

Il fait preuve d’une toute sa vie très grande liberté dans sa façon de peindre et d’expérimenter des choses nouvelles, tant et si bien qu’on pourrait presque penser qu’il n’y a pas de « style Maurice Denis », même si, quand on évoque son oeuvre, on pense plutôt à de grandes scènes de foret, avec des femmes diaphanes dans des robes longues.

Il fut aussi un théoricien de la peinture et il écrivit :

« Les glorieux maîtres de la Renaissance ne se souciaient même pas de la logique des scènes qu’on leur imposait ; eux si passionnés pour les sciences exactes, interprétaient librement la perspective et l’histoire et dédaignaient la couleur locale ».

Maurice Denis est un très grand peintre que le Musée d’Orsay nous aide à découvrir (ou à redécouvrir). Jusqu’au 21 Janvier 2007.

A lire : « Le Ciel et l’Arcadie » de Maurice Denis aux Editions Hermann. Passionnant.

le 9 novembre 2006

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