Pinacothèque : naissance d’un musée !

  La collection permanente de la Pinacothèque

–  La naissance du musée des Beaux-Arts de Budapest : Les Esterházy, Princes collectionneurs

–  L’Ermitage, naissance du musée impérial : les Romanov, tsars collectionneurs


La Pinacothèque a inauguré le 26 janvier 2011 ses nouveaux espaces (3000 m2) en dévoilant sa collection permanente et, avec deux expositions sur le thème de la naissance d’un musée, en l’occurrence celui de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, dont la collection vit le jour sous l’impulsion des Romanov (Tsars de Russie) et celui du musée des Beaux-Arts de Budapest, avec les princes Esterházy, nous montre comment ils se sont constitués.

Un nouveau musée étonnant : la Pinacothèque de Paris !

Un nouveau musée vient donc de naître avec la collection permanente de la Pinacothèque de Paris !

3000 m2 supplémentaires situés 8 rue Vignon, à peu près face à la Pinacothèque « habituelle », place de la Madeleine l’abritent.

Façade du nouveau musée
©photo jp Duvaleix

Nous y verrons une très belle collection d’oeuvres provenant essentiellement de prêts de collectionneurs et d’institutions publiques (pour une période de plusieurs années renouvelables).

On est surpris dès l’entrée par le côtoiement d’oeuvres d’époque, de style et de thèmes différents (mais pas obligatoirement et seulement si ça s’impose) qui donne un côté un peu fou, en tout cas ludique, presque joyeux et « anti-grincheux ».

On est loin de la conception traditionnelle des musées !

Marc Restellini a ainsi réussi le tour de force de faire de l’original et du nouveau avec du classique !

Ci-dessous une liste (non exhaustive) des peintres dont certains ont plusieurs oeuvres exposées ici.

Bonnard (portrait de Monsieur Monteux), à côté d’un :
Corot (famille de chevriers italiens), à côté d’un :
Van Dyck (portrait d’un gentleman), à côté d’un :
Max Ernst, à côté d’un :
Tintoret, à côté d’un :
Rouault (Intimité chrétienne), etc.
Pissarro (Pont Marie Quai d’Anjou)
Utrillo (splendide « Cathédrale de Reims » avec des empâtements formidables et des couleurs qui ne le sont pas moins !)
Daumier
Teniers le Jeune
Bruegel
Monet (dont un extraordinaire « Glaçons, effet de blanc »)
Delvaux
De Hooch
Derain
Courbet (dont le merveilleux « Porteur de fagôts »
Vuillard
Van Gogh
Jordaens
Hodler
Véronèse
Modigliani (plusieurs très beaux portraits)
Tiepolo
Soutine
Géricault
Pollock
Rembrandt
Delacroix
De Stael
Magritte
Munch
Duchamp
Rothko
Kandinski

etc…

Qui dit mieux ?

Il y a aussi un Fernand Léger et un Heda qui se côtoient sur un petit mur et au dessus desquels figure l’inscription suivante :

« Vanité ou nature morte, Léger ou Heda, la confrontation parle d’elle même »

D’ailleurs, dans toutes les salles, des inscriptions pertinentes et qui donnent à réfléchir, sont ainsi en exergue sur les murs, au-dessus des oeuvres.

Bref, sans être devin, on peut prédire à ce nouveau musée, dont on assiste à la naissance, un très grand succès.

L’Ermitage : naissance du musée impérial : les Romanov, tsars collectionneurs

Marc Restellini et Mikhail Pietrovski
Directeurs de la Pinacothèque et du Musée de l’Ermitage de Saint Petersbourg ©Photo Jean-Pierre Duvaleix

L’exposition nous montre ici une centaine d’oeuvres provenant du musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg.

Au travers de ces oeuvres, on assiste à la naissance de ce musée, de Pierre le Grand (1672-1725) à Nicolas Ier (1796-1855), en passant par Catherine II (1729-1796) et Alexandre Ier, En seulement deux siècles, les Romanov ont contribué à constituer l’une des plus belles collections du monde et construit un musée moderne, ouvert au grand public dès 1805.

Parmi ces Romanov, comme l’a dit Marc Restellini à la conférence de presse, certains n’étaient pas forcément « sympathiques », mais il semble que le fait de s’intéresser à l’art en ait adouci les contours…

On commence cette exposition par des salles de taille moyenne, chacune au nom de l’Empereur (et avec un buste en marbre de celui-ci), passant de chef-d’œuvre en chef-d’œuvre, notamment un splendide portrait d’acteur de Domenico Fetti :

Portrait d’acteur (Tristan Martinelli ?)
Domenico Fetti c. 1620 Huile sur toile 105,5 x 81 cm Provenance : 1772, collection Louis- Antoine Crozat, baron de Thiers (Paris). © Musée de l’Ermitage. Photo de Vladimir Terebenin, Leonard Kheifets, Yuri Molodkovets.

Plus loin le magnifique portrait du « Jeune homme au chapeau » de Jean-Baptiste Greuze :

Portrait de jeune homme au chapeau
Jean-Baptiste Greuze c. 1750 Huile sur toile 61 x 50 cm INV. N° GE-1256 Provenance : 1772, collection Louis- Antoine Crozat, baron de Thiers (Paris). © Musée de l’Ermitage. Photo de Pavel Demidov

On verra également des Rembrandt (notamment le « Portrait d’homme barbu ») , des Jordaens, Paolo Véronèse, Nicolas Lancret (voir le logo de l’article), Chardin, Vigée-Lebrun (magnifique « Portrait des filles de Paul 1er »), etc.

Signalons aussi un splendide « Christ » du Titien, avec son inoubliable style inspiré (et qui préfigure par certains côtés l’impressionnisme) :

Christ Tout-puissant
Titien (Tiziano Vecellio) c. 1560 Huile sur toile 96 x 80 cm INV. N° GE-114 Provenance : 1850, collection Barbarigo, Venise. © Musée de l’Ermitage. Photo de Vladimir Terebenin, Leonard Kheifets, Yuri Molodkovets.

 

La naissance du musée : Les Esterházy, Princes collectionneurs

Une cinquantaine d’oeuvres sont ici présentées. Elles proviennent du musée des Beaux-Arts de Budapest et c’est aussi l’occasion pour le visiteur de comprendre comment se passe la naissance d’un musée, à partir de collectionneurs inspirés.

Il s’agit ici des princes hongrois Esterházy, dont le grand palatin Paul (1635-1713) et Nicolas Ier « le Magnifique » (1714-1790) commencent à constituer cette splendide collection, oeuvre qui sera poursuivi par Nicolas II (1765-1833) dont la collection comprendra à sa mort 1156 tableaux !

Dès l’origine, Nicolas II a organisé sa collection par écoles et le parcours de l’exposition respecte donc cette volonté initiale.

Marc Restellini nous indique : « En présentant cet ensemble remarquable, conjointement avec la collection des Romanov, la Pinacothèque de Paris souhaite retracer l’histoire du goût chez les élites européennes au début du XIXe siècle. La Pinacothèque propose ainsi une vision originale de l’Europe de l’art, née des échanges culturels et de la circulation des oeuvres, parfois bouleversée par l’Histoire. »

Parmi ces oeuvres, nous pourrons admirer :

Un très beau « Portrait d’homme » de Franz Hals

Portrait d’homme
Frans Hals c.1650 Huile sur panneau de bois (chêne) H : 64,5 L : 46,3 cm © Szépmüvészeti Múzeum, Budapest

« la Vierge et l’enfant » de Raphaël qui est l’affiche de l’exposition. Ce tableau surprend par sa taille, il est très petit (28 x 21cm) et présente la caractéristique singulière d’être sur un panneau de bois courbe !

La Vierge et l’Enfant avec le petit saint Jean « La Madone Esterházy »
Raffaello Santi, dit Raphaël c.1508 Tempera en huile sur panneau de bois H : 28,5 L : 21,5 cm Inv.71 Szépmüvészeti Múzeum, Budapest © Szépmüvészeti Múzeum, Budapest

Vous avez jusqu’au 29 mai 2011 pour aller voir la naissance d’un musée (celui de la Pinacothèque), les splendides oeuvres du Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, et les chefs-d’oeuvre du Musée des Beaux-Arts de Budapest.

À la Pinacothèque de Paris, du 26 janvier 2011 au 29 mai 2011

Site de la Pinacothèque : http://www.pinacotheque.com/fr/

 

 

 

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