La RMN nous propose une belle et intéressante exposition sur Marc Chagall que, finalement, on ne connait pas si bien que ça : Chagall entre guerre et paix.
Chagall est né en Russie dans une petite bourgade nommée Liozno, près de Vitebsk, en 1887, dans une famille juive.
Les voyages de Chagall
Chagall voyage à travers le monde, au cours du XXème siècle. Il nait en Russie tsariste, connait la guerre de 14, sympathise avec les révolutionnaires en 1917 et et devient directeur de l’école des Beaux-arts de Vitebsk.
Il parcourt la planète en fonction des guerres et des persécutions dont sont victimes les juifs et aussi, bien sûr, en fonction de son travail de peintre. Ci-dessous, la carte de ses différents « séjours », sachant qu’il y a des endroits où il est resté longtemps, d’autres moins :
Il a étudié la peinture à Saint-Pétersbourg en 1907, fait en 1911 un séjour de trois ans à Paris où il rencontre, à Montparnasse, Apollinaire, Soutine, et Blaise Cendrars, entre autres; puis il revient à Vitebsk où il épouse Bella Rosenfeld qu’il a connue en 1909 et qui lui donnera une fille, Ida.
En 1922, il s’installe à Berlin et en 1923 en France jusqu’en 1941, date à laquelle il part s’installer aux États-Unis en raison du danger (ses oeuvres ont été saisies et exposées à « l’art dégénéré », l’exposition nazie de 1937).
En 1944, son épouse, Bella, décède. Il en est profondément marqué et ne peut plus peindre pendant plusieurs mois.
En 1946, de sa liaison avec Virginia McNeil nait un fils, David, qui deviendra le célèbre chanteur compositeur David McNeil.
Il rentre en France en 1949 où il s’installe définitivement. Il adore la France. Il y peint ce « Paysage Bleu » en 1949
On y voit un couple qui danse (peut-être le tango ?) avec la femme la tête à l’envers, une poule à droite, un croissant de lune qui, en fait, est un poisson argenté et un astre rond et obscur sur la droite. C’est de la poésie pure !
Peintre de ses rêves
Malgré ses nombreux déplacements, Chagall reste le peintre de ses rêves. Il est rare qu’il peigne son entourage réel. Et les rêves commencent avec l’enfance.
L’enfance, ce sont les animaux familiers, le coq, la vache, le cheval. Les coqs, on en trouve dans presque tous ses tableaux. Il écrira à ce propos :
« Je me suis servi des vaches, des filles de ferme, de coqs et de l’architecture de la province russe comme de sources formelles, parce qu’ils font
partie de l’environnement dans lequel j’ai grandi et qui a sans doute laissé une empreinte plus profonde dans la mémoire visuelle que j’ai gardée de mes expériences » (Marc Chagall – Source : http://www.mahj.org/documents/Chagall-et-la-Bible-dossier-pedagogique.pdf)
Et bizarrement, il semble toujours peindre à peu près les mêmes paysages, même quand il peint par exemple, aux États-Unis, il rejoue à chaque fois ses débuts dans la vie, son enfance.
Il est profondément marqué par la guerre et ses désastres. En 1943, il peint cette toile :
Dans la rue principale d’un petit village un cheval hennit, tirant une charrette pleine de sang, et se dressant vers le ciel, un coq à la crête verte sur son dos. Un homme mort, les bras en croix, git au milieu de la route. Une femme, son enfant dans les bras, dans une charrette tirée par un cheval mauve, traverse le ciel jaune et bleu (sont-ils « au ciel » ?)… pendant qu’un personnage la tête bandée et un baluchon sur l’épaule, part vers des lieux inconnus, situés nettement hors du tableau. C’est une sorte de cauchemar.
Dans plusieurs de ses tableaux, on voit le Christ en croix, symbolisant pour lui, comme il l’a écrit, « le poids de la souffrance humaine ».
A travers ses tableaux c’est toute sa vie qu’il peint, plus centrée sur des songes que sur ce qu’on appelle la réalité.
C’est après la guerre qu’il trouve l’apaisement, la sérénité, de retour en France d’abord à Orgeval, puis à Vence dans le midi.
La toile de l’affiche, « La danse » montre même une grande joie de vivre !
Exposition importante, très bien mise en scène, à voir. Au Musée du Luxembourg. Jusqu’au 21 juillet 2013.
A voir aussi la vidéo de l’exposition :
21 février – 21 juillet 2013
Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard, 75006 Paris