Chaïm Soutine à la Pinacothèque de Paris

Une double occasion s’offre aux parisiens et à tous ceux de passage dans la capitale :

–  découvrir la Pinacothèque qui a ouvert ses portes Place de la Madeleine en Juin 2007 et qui est un lieu très agréable et très bien conçu pour les expositions

–  (re)découvrir un peintre de génie, Chaïm Soutine !

 

Brève biographie résumée de Chaïm Soutine

 

Fils d’un petit tailleur juif de Smilovitchi en Biélorussie et après une enfance malheureuse, Chaïm Soutine quitte son pays natal pour la France et débarque à Paris en 1912 à l’âge de 19 ans.

Il entre aux Beaux-Arts, mais étudie surtout au Louvre les « Maîtres anciens », Chardin et Rembrandt notamment.

Bizarrement, il n’aime pas Van Gogh (peut être à cause justement d’une certaine ressemblance entre leurs peintures ou bien parce qu’on ne cesse de lui rappeler cette ressemblance ?).

A ce propos, il ne faut pas voir en Soutine un Van-Gogh bis, malheureux et soumis.

Son caractère était assez dur. Ses relations tendues avec Léger en sont une preuve. Il n’aimait pas sa peinture, il n’aimait pas l’homme et ne se gênait pas pour le lui faire savoir !

Il lit aussi beaucoup (comme disait Matisse « le style vient avec la culture »)

Il s’établit à la Ruche et autres lieux de séjour de nombreux artistes.

Il se lie d’amitié avec Modigliani qui fera plusieurs portraits de lui, dont celui-ci :

https://www.journaldespeintres.com/wp-content/uploads/2012/04/0Portrait_de_Soutine.jpg

Modigliani aidera d’ailleurs Soutine à se faire connaître.

Il le présentera notamment à Chéron, marchand de tableaux rue la Boétie à Paris et lui fera rencontrer Sborowski qui deviendra son marchand et qui poussera Soutine à aller peindre à Céret, dans les Pyrénées.

Il y séjournera d’ailleurs assez longtemps pour y peindre 200 toiles (il est vrai que Soutine peignait vite, avec fougue et même fureur dit-on !).

En 1922, le collectionneur américain Barnes acquiert une centaine d’oeuvres de Soutine pour l’Académie des Beaux-Arts de Pennsylvanie et ce dernier connaît alors la célébrité.

Mais Soutine est en proie à de graves crises de dépression et il souffre de plus d’un ulcère à l’estomac.

Pendant l’occupation il se cache dans les bois pour peindre, habillé en mécanicien affublé de l’étoile jaune… Quelle image !

Malade depuis longtemps, il retourne à Paris occupé dans des conditions, on le devine, très difficiles et il y meurt de son ulcère qui a dégénéré en cancer, en 1943.

Soutine aura peint plus de 600 toiles !

De l’utilité de cette exposition

C’est une magnifique exposition que nous offre la Pinacothèque de Paris.

Parce que l’on peut y découvrir le peintre, un peintre qui, se moquant éperdument de la politique, ne voulait en rien changer le monde.

Il voulait seulement vivre et peindre ou inversement.

Et peu lui importait que ses oeuvres fussent des natures mortes, des paysages, des portraits, à l’ère du cubisme triomphant !

On va découvrir à cette exposition de très belles toiles et l’on sera sans doute surpris.

Ici était une photo de tableau, retirée à la fin de l’exposition (droits d’auteur).

Parce que les photos ne rendent en rien la réalité de la peinture de Soutine, notamment parce qu’il y manque la troisième dimension à savoir l’épaisseur et la beauté des empâtements qui donne à ses toiles un éclairage particulier.

Pour avoir un aperçu de Soutine, il faut non seulement voir « en vrai » ses toiles, mais il faut aussi en voir plusieurs en même temps.

On peut voir un tableau de Soutine isolé, mais ça reste relativement incompréhensible pour avoir une idée réelle de son travail, de sa technique.

Il y a une harmonie, une justification, que l’on ne peut percevoir qu’en voyant un certain nombres de toiles. Ici, il y en a une plus de 80.

C’est un nombre suffisant. Beaucoup proviennent de collections privées, de Suisse, du Japon et des États-Unis.

Parmi ces toiles on retiendra « la folle » avec des variétés de bleus dans la robe, le tout sur un fond vert.

Ici était une photo de tableau, retirée à la fin de l’exposition (droits d’auteur).

Il peint des gens simples, le « Le Garçon d’étage », la « fermière » et n’hésite pas à faire des natures mortes qu’il appelle « natures mortes ».

On remarquera une pointe de cubisme dans « la nature morte aux harengs » et on n’oubliera pas, cachée dans un coin, les magnifiques « Glaïeuls rouges » dans un très petit vase, le tout sur un fond rouge sombre !

Toutes les audaces lui sont permises, il ose tout, y compris jouer avec les formes en s’affranchissant de la ligne droite, déformant à loisir les objets comme s’il en voyait le reflet dans une sphère (à ce propos, voir l’étonnant « Vue de Cagnes », réalisé vers 1922 -1923)

Tous ses paysages sont d’ailleurs remarquables, tels par exemple « Les Maisons rouges » montrant, à l’instar de Van Gogh, un immense talent de coloriste, avec une perspective hésitante mais juste.

On décèle parfois du Cézanne, parfois du Van Gogh bien sûr, mais aussi souvent du fauvisme.

D’ailleurs, Soutine prend tout ce qu’il aime, d’abord chez « les anciens », mais aussi chez ses (presque) contemporains, comme doit le faire tout artiste qui ne peut pas être amnésique sur ce qui s’est fait avant lui.

Et il fait plus, il va plus loin et en tout cas au-delà, suivant sa propre route.

C’est une occasion unique de voir réunis tant de chef-d’oeuvres et de découvrir ce peintre de génie.

Une très belle exposition, à ne pas manquer (la dernière s’est tenue à l’Orangerie il y a 34 ans !), à la Pinacothèque de Paris.

Ci-dessous une intéressante petite vidéo de France 2 :

*** l’exposition est prolongée jusqu’au 2 Mars 2008 Sources :
–  Pinacothèque de Paris
–  Bénézit
« Chaim Soutine » par Alfred Werner, Éditions Cercle d’Art
le 10 décembre 2007
Pour marque-pages : Permaliens.

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